Activités
Infrastructures de transport
D’après les archives, le transport de marchandises est la fonction première et la plus importante. Il s’agit à la fois d’écouler les productions régionales vers les grandes agglomérations et de répondre à la demande locale : d’innombrables carrières de pierre, tuileries, fours à chaux/cimenteries... apparaissent au fil du temps.
Les entreprises utilisent le canal comme un moyen de récupérer des matières premières éloignées, qui sont transformées puis repartent ailleurs par le même chemin. La sucrerie de Brazey-en-Plaine traite les betteraves de toute la région : une bascule sur le port de Vandenesse-en-Auxois (plusieurs dizaines de kilomètres en amont) permet de peser la production avant de l’embarquer.
Autour du pont d’Aiserey : le site d’écluse du bief 71 du versant Saône, avec une maison Forey de la fin du 18e siècle, la sucrerie d’Aiserey, implantée depuis 1857.
Les communes y voient l’occasion de fournir leur population ou d’augmenter leurs propres revenus. Le port de Saint-Rémy-lès-Montbard est établi à la demande du conseil municipal pour favoriser la vente des bois communaux et des pierres des carrières municipales3. A Saint-Thibault, en 1864, la municipalité souhaitait établir un port, à la fois pour le transport de pierre et de sable destinés aux constructions locales, mais aussi pour faire partir à Dijon du bois de chauffage et de charpente2.
Des ports dotés de quais sont installés ou agrandis. On les équipe de voies ferrées de liaison ainsi que de grues de déchargement. A Saint-Jean-de-Losne subsistent quelques traces de cette époque : un tronçon de voie Decauville longe la rive droite du port, derrière laquelle se dressent encore de grands hangars. Tout type d’industrie ou d’artisanat était susceptible de se trouver là : des dépôts de grands groupes comme de petites usines. Ainsi à Saint-Jean-de-Losne, dans les années 1880-1890, se côtoyaient en même temps la Société Anonyme des Forges et Aciéries de Commercy et un dépôt de bois pour un sabotier local4. Certaines industries se firent même installer un chenal ou canal de raccordement. C’est le cas à Ancy-le-Franc où l’usine des Forges d’Ancy-le-Franc, située à côté du château, disposait d’un port privé dont le chenal de raccordement avait été demandé par le marquis de Louvois en 18255.
Les infrastructures visibles les plus nombreuses étaient certainement les hangars, mais les archives comme les cartes postales anciennes montrent des ports encombrés de piles de bois, de briques et de dépôts de pierre, sable et matériaux divers.
Industries
Les plans du domaine fluvial des années 18506 montrent un grand nombre de petites carrières de pierre dans la vallée de l’Ouche, à l’emplacement, entre autres, de l’autoroute A38. Les plus importantes ont donné naissance à des fabriques de ciment et de chaux7. L’ingénieur Legros les recense en 1860 : sur le versant Saône à Saint-Jean-de-Losne, Plombières, Fleurey-sur-Ouche, Pont-de-Pany, Crugey, Vandenesse-en-Auxois, Escommes et Pouilly-en-Auxois ; sur le versant Yonne à Éguilly, Saint-Thibault, Maison-Blanche, Braux, Pouillenay, Venarey, Montbard, Rougemont, Ravières ou encore Ancy-le-Franc.
Les historiens font remonter l’histoire du ciment au percement du souterrain de Pouilly, sommet du canal de Bourgogne8. L’ingénieur du canal, Philibert Lacordaire repère des veines de calcaire pouvant convenir à la fabrication du ciment et plusieurs entreprises se développent dans la foulée, s’installant le long de la voie d’eau. Tout le versant Yonne s’organise pour l’exploitation de la pierre : carrières, scieries de pierre, four à chaux… Les produits alimentent d’un côté Dijon, de l’autre Paris en pleine reconstruction. La Première Guerre mondiale met fin à cette prospérité, qui impacte l’ensemble du territoire traversé par le canal. Il reste une cimenterie active à Lézinnes (Yonne) et des carrières subsistent vers Ravières.