Les plans de bornage, destinés à matérialiser les limites du domaine public fluvial, furent dressés à partir des minutes cadastrales (plans du cadastre) et de relevés faits sur le terrain, dont quelques cahiers manuscrits sont conservés. La réalisation des plans a nécessité l’intervention de plusieurs professionnels et demandé un important temps de travail, probablement quelques années, ce qui explique qu’ils n’aient pas tous le même aspect.
Les plans de bornage du canal de Bourgogne
Ils sont dessinés à la main sur papier, mis en couleur et pliés en accordéon. Leur page de garde manque souvent. Il n’y a ni la date ni le nom des personnes qui les ont dressés. Encore utilisés aujourd’hui, ils ont pu être mis à jour : changement des propriétaires, ajouts d’annexes.
Ils donnent des informations sur :
- le tracé du linéaire ;
- les ouvrages techniques liés ;
- les rigoles et ouvrages sur rigoles ;
- les limites du domaine public fluvial (tracé et points kilométriques) ;
- les constructions sur domaine fluvial (essentiellement les maisons) ;
- les noms des propriétaires riverains.
Quel est l’intérêt de ce type de source pour une étude du canal ?
Ces plans permettent de repérer précisément les ouvrages. Ils fournissent surtout, au moment de leur levée, une image relativement homogène du canal et de tout son environnement humain et paysager.
Une image du canal et du territoire traversé
La notion de site d’écluse
Les plans amènent à considérer l’écluse comme une unité fonctionnelle, dans le cadre d’un patrimoine en réseau. Les fonctions importantes des lieux sont clairement soulignées : il s’agit de nœuds de convergence de réseaux routiers, hydrauliques et de concentration humaine. Rares sont les ponts hors site d’écluse ; les rigoles et autres ouvrages d’art en sont très proches. L’organisation des sites eux-mêmes est indiquée : emplacement des puits, jardins, écuries, avec au centre le sas d’écluse et la maison de l’éclusier.
L’importance des rigoles
Clairement dessinées, elles donnent lieu à des ouvrages aussi réfléchis que ceux du canal : ponts, aqueducs. Elles accompagnent le canal tout au long de sa traversée.
L’empreinte d’un monde ancien en mutation
L’environnement est globalement rural, la terre est encore propriété de grandes familles qui la possèdent de manière héréditaire. Certaines appartiennent aussi à une bourgeoisie locale : vétérinaire, procureur, maître de poste. Le canal ne semble pas avoir dérangé cet état de fait.
En revanche, le long du canal apparaissent de petites industries : cimenterie, tuilerie…, situées sur des lieux de ressources ou près des villes.
Les paysages locaux se définissent au fil de l’eau. Par exemple, autour de Dijon, à partir de la fin de la vallée de l’Ouche, alternent vignes et culture de framboisiers. Quant à la voie d’eau, elle se distingue toujours par son tracé rectiligne, souligné par un alignement d’arbres, sur une berge ou sur les deux.
Un exemple précis : moulin Vieux et moulin Neuf d’Ancy-le-Franc
Le moulin Neuf est bien présent sur les cahiers manuscrits destinés à établir les plans de bornage du canal de 1836. Il est situé en aval d'un moulin établi plus anciennement : le moulin Vieux.
Rive gauche, en amont d'un pont isolé, face au port d'Ancy-le-Franc, le moulin Neuf se présente comme un bâtiment de plan massé, avec un rez-de-chaussée, trois étages carrés et un étage de combles. La façade sur canal offre cinq travées de baies rectangulaires, séparées par deux bandeaux. Il reste une cloche dans l'angle droit de cette façade, placée le long des chaînes d'angle. Une corniche en pierre souligne le toit en pavillon recouvert de tuiles plates et orné de souches de cheminée en brique. Une lucarne avec poulie permettait un accès au canal. Un portillon a été ménagé dans le mur de clôture de la propriété, situé le long du canal. L'accès se faisait par le premier étage, sur la façade latérale droite. Un bâtiment plus ancien et plus petit demeure accolé au premier.