Histoire
Phase 1 : mise au point et premiers modèles réalisés (1773-1793)
En 1775, les travaux commencent sur les deux versants. Le tracé d’ensemble du linéaire est fourni par les études de l’ingénieur Abeille, repris en 1773 par Chézy et surtout Perronet, inspecteurs généraux des Ponts et Chaussées4. Des plans d’ouvrages sont établis par ce dernier et ses assistants pour le versant Yonne. Ils ne sont que très partiellement réalisés. Les principes de construction alors adoptés, en brique et pierre, sont facilement identifiables sur le pont sur écluse de l’avant-port de Migennes (site d’écluse 114-115 du versant Yonne), ainsi que dans quelques bajoyers d’écluses.
Sur le versant Saône, Emiland-Marie Gauthey, ingénieur en chef du canal de Bourgogne et du canal du Centre, se charge des travaux, après l’approbation des plans et devis estimatifs5 par les États de Bourgogne.
En 1779, les travaux sont abandonnés et concentrés uniquement sur la partie Dijon-Saint-Jean-de-Losne. Il était en effet apparu que les dépenses excédaient de très loin les prévisions et que les ouvrages étaient trop complexes à réaliser6.
Une pièce d’archive donne une idée de la manière dont on organise les travaux à cette époque. Entre Ouges et Bretenières, Emiland-Marie Gauthey et Antoine Chartraire de Montigny, maire de Dijon, viennent visiter deux écluses avec maisons éclusières construites par l’entrepreneur Saint-Père, « moyennant la somme de 89 300 livres ». Ils attestent, ce 4 mai 17907, que des sites d’écluses complets avec aqueducs et maisons sont en place sur le tracé du canal. Quelques travaux seulement furent effectués pendant la période révolutionnaire : il reste par exemple les deux maisons en brique et pierre réalisées à Brienon-sur-Armançon (biefs 111 et 112 du versant Yonne) sur un modèle d’Ubriot de Montfeu8.
Phase 2 : reprise des travaux et ouvertures progressives (1808-1833)
Grâce à un décret de 1807, prélevant une taxe sur les départements, et à une loi de 1810 vendant les canaux achevés pour financer la construction des autres, les ingénieurs Forey, Sutil et Foucherot reprennent et amendent sérieusement le projet de Perronet. Pour résoudre définitivement le problème du point de partage et de son alimentation en eau, ils proposent la réalisation du souterrain de Pouilly et des cinq réservoirs les plus anciens. Cette proposition suscite de nouveaux débats. Les ingénieurs donnent alors les plans qui façonnent en grande partie le canal tel qu’on le voit aujourd’hui : plans de maisons éclusières par Foucherot et Forey, plan du pont-canal à cinq arches sur l’Armançon à Saint-Florentin par Sutil et Foucherot.
D’autres idées ne voient jamais le jour, comme par exemple l’entrée du canal dans l’Yonne à Laroche-Migennes, telle que proposée en 1811 par Foucherot et Sutil : deux maisons se font face de chaque côté d’un canal aux berges en brique et pierre, avec de majestueuses rangées de peupliers et, pour marquer la fin du canal, deux obélisques protégés chacun par deux sphinx.
A partir de 1808, les réalisations avancent rapidement : les biefs de Dijon à Saint-Jean-de-Losne sont ouverts à la navigation le 14 décembre. Dans la partie Yonne, entre l’embouchure du canal et Tonnerre, les terrassements sont quasiment terminés mais les ouvrages d’art peu avancés. Les travaux reprennent depuis l’embouchure jusqu’à l’écluse de la Maladrerie (109 du versant Yonne).
L’ouverture au trafic se fait par tronçon, au fur et à mesure de l’avancement des travaux et de l’apport de nouveaux capitaux. En 1813, celui de Dijon à Pont-de-Pany est ouvert. Les travaux sont cependant interrompus de la fin de l’Empire à 1818.
En 1822, une note de l’ingénieur Bazin9 indique que 58 écluses sont réalisées. Les 131 autres sont construites ou terminées ensuite, après le choix définitif du point de partage à Pouilly-en-Auxois, sous la direction des ingénieurs en chef Forey, Morissey, Bonnetat, Vinard et Lacordaire. Le tronçon Migennes / Tonnerre est ouvert la même année.
Entre 1826 et 1832, le tunnel de Pouilly-en-Auxois est percé sous la direction de Philibert Lacordaire. En 1826, la navigation est déjà ouverte depuis La Roche jusqu’à Tanlay, puis courant octobre 1828 d’Ancy-le-Franc à Montbard. En 1832, le tronçon Pont-de-Pany / Tonnerre est ouvert. Le canal est entièrement ouvert à la circulation le 2 janvier 1833.