Plus de deux siècles se sont écoulés depuis la construction du port de Saint-Jean-de-Losne, au débouché du canal, en direction de Lyon. La photographie permet de saisir la complexité de l'histoire d’un site devenu premier port fluvial de France, comprenant un port plus ancien ménagé dans le dernier bief du versant Yonne, avant la sortie en Saône et une gare d’eau, un peu plus récente, creusée rive gauche.
Le port de Saint-Jean-de-Losne
Contemporain de l'ouverture du canal à la navigation, le port de Saint-Jean-de-Losne était déjà très actif en 1835. Au point que, dès 1840, après une pétition des « négociants intéressés à la navigation du canal de Bourgogne, de la Saône et du canal du Rhône au Rhin », le conseil municipal forme des voeux pour l'établissement d'une gare d'eau. L’année suivante, pour son implantation, Delaporte, ingénieur en chef du canal de Bourgogne, propose l'embouchure du canal dans la Saône, au sud-est du canal, entre la ville de Saint-Jean-de-Losne et Saint-Usage. Laval, ingénieur en chef de la navigation sur la Saône, donne la préférence à un emplacement situé en aval et au sud-ouest du canal. Darcy, ingénieur en chef du département, approuve l'emplacement proposé par l'ingénieur en chef du canal. Le préfet de la Côte-d'Or propose de déclarer d'utilité publique les travaux avec les modifications demandées par la commission d'enquête (augmentation de la largeur de la gare de 20 m du côté de Saint-Usage afin de la rendre propre à recevoir 400 bateaux).
Vue générale aérienne du port de Saint-Jean-de-Losne, à son embouchure dans la Saône. Vers 1960. Négatif au gélatino-bromure d’argent sur plastique. La Saône, l’entrée dans le canal de Bourgogne, au bief 76 du versant Saône, avec le port dans ce premier bief. La ville de Saint-Jean-de-Losne séparée en deux parties par la Saône : au premier plan, l’église de Losne. A l’arrière-plan, la gare d’eau de 1845.
En 1844, les terrains nécessaires sont acquis et les travaux adjugés à l'entrepreneur Pierre-Alexis Lefebvre, de Chalon-sur-Saône, d'après le projet dressé en 1843. Malgré ce départ rapide, l’acquisition est résiliée en 1846. L'entrepreneur mâconnais Laurent Jacquelot reprend les travaux en 1847 qui sont achevés deux ans plus tard. En 1851, l’entrepreneur Jacquelot, sous la direction de Ruinet, ingénieur ordinaire, ouvre un chenal de communication entre la Saône et la gare d'eau de Saint-Jean-de-Losne.
Voici l’état des lieux fait en 1919, d’après un rapport des ingénieurs du canal : « Saint-Jean-de-Losne, placé au confluent de la Saône et du canal de Bourgogne, dispose d'un port de raccordement sur le canal de Bourgogne immédiatement à l'amont de la dernière écluse et, tout à l'est de ce port, d'un bassin de 390 m de long sur 250 m de large (improprement appelé gare d'eau) qui est en communication directe avec la Saône par un chenal ou linguet. Ce bassin n'est pas relié par voie ferrée tandis que le port de raccordement l'est par la gare de Saint-Jean-de-Losne à la ligne de Dijon à Saint-Amour. Le port de raccordement reçoit la majeure partie du trafic local ou autre. Il mesure 370 m sur 56 m de large. Il est bordé de quais verticaux sur 190 m de longueur et de quais inclinés sur une longueur de 93,30 m. C'est plutôt le long du canal de Bourgogne que se sont développés jusqu'ici les installations commerciale, entrepôts etc. Cependant l'entrée par l'écluse 76 est une gêne et les dimensions des bateaux qui y ont accès sont les dimensions normales. L'accès des grands chalands n'est pas possible. »1
Sur la partie la plus ancienne du port, des traces de voies ferrées de quai (écartement : 1,44 mètre) sur le côté sud-ouest, témoignent du raccordement par la gare de Saint-Jean-de-Losne à la ligne de Dijon à Saint-Amour2. Différentes remises et ateliers de réparation de bateaux s’ordonnent de chaque côté du port. Le bassin de gare d’eau de 1840 comporte une partie consacrée à la plaisance, avec appontements, et une partie aménagée pour les promeneurs.