Sites d’écluse
© T. Kuntz, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2012.
Les sites d’écluse aujourd’hui
Le canal de Bourgogne est composé de 189 sites d’écluse. Si toutes les écluses sont au gabarit Freycinet (leur sas mesure 39 mètres de long pour 5,20 mètres de large), elles ne sont pas toutes automatisées. Deux sites (Migennes et Germigny) présentaient une écluse double, transformée en écluse simple de grande chute au 20e siècle.
Les maisons se caractérisent à la fois par leurs typologies et par leurs différentes destinations (garde, perception…). Nous leur avons donné le nom de l’ingénieur qui en a dressé le plan type. Seul le site d’Ouges ne possède plus de maison éclusière. 79 sites présentent un pont routier sur écluse.
Plusieurs, enfin, possèdent un aqueduc laissant passer un cours d’eau sous le canal en tête amont de l’écluse, ouvrage pas toujours visible.
Les sites ont pu conserver les diverses infrastructures nécessaires à la vie quotidienne : 25 ont encore un jardin bien délimité, 96 un puits, 65 un lavoir et 58 des latrines. Des annexes latérales ou postérieures, construites en moellon, en brique ou en parpaing de béton, servaient à la vie du canal ou à celle des éclusiers et de leur famille : écurie pour les chevaux du halage, atelier pour les réparations…
L’esprit des projets
Il faut noter que tous les ouvrages techniques mis en œuvre sur le canal de Bourgogne ont été élaborés longtemps avant sa réalisation, pour d’autres voies d’eau plus anciennes. Il suffit de voir les planches de Bernard Forest de Bélidor au début du 18e siècle : écluse à sas, écluse à vanne et déchargeoir pour l’alimentation et le réglage du débit d’un canal de navigation9. Pour le versant Yonne, financé par l’Etat, l’ingénieur Perronet avait fourni un ensemble de dessins réunis dans une Description des projets… du canal de Bourgogne10,dont aucun n’a été entièrement réalisé. L’un de ses plans, avec élévation d’une écluse en brique et pierre, s’inspire de réalisations savantes. Il est partiellement mis en œuvre pour les deux maisons les plus anciennes du canal à Brienon-sur-Armançon, pour le pont sur la dernière écluse avant l’Yonne à Migennes et pour quelques sas, entre Migennes et Brienon, entièrement en brique. Les dessins de Gauthey (1784) pour le versant Saône (Dijon / Saint-Jean-de-Losne) proposent pour leur part un sas en pierre avec un aqueduc de sortie. Ces projets contemporains relèvent de deux écoles de pensée : celui de Perronet est encore imprégné d’une conception plus proche de l’architecture, représentative de l’esprit de la première moitié du 18e siècle, tandis que celui de Gauthey accorde beaucoup d’importance à tous les aspects techniques, dans l’esprit de l’Ecole des ponts et chaussées de la fin du même siècle.

Une construction en étapes
La construction des sites d’écluse s’effectue en plusieurs étapes : elle progresse par tronçons. Leur date d’ouverture à la circulation permet de savoir que les travaux sont presque achevés. En 1808, la partie Seine, de Dijon à Saint-Jean-de-Losne, est terminée. En 1813, le versant Seine est ouvert de Dijon à Pont-de-Pany. En 1822, le versant Yonne est navigable de Migennes à Tonnerre. En 1832, les deux versants se rejoignent de Pont-de-Pany à Tonnerre. 58 écluses auraient ainsi été réalisées avant 1822, les 131 autres par la suite. La reprise du chantier en 1822 est l’occasion d’avancer un certain nombre de prescriptions. L’ingénieur Bonnetat, dans un Devis général pour les travaux du canal de Bourgogne de 182611, préconise ainsi l’utilisation du chêne pour les portes d’écluse et les coussinets des buscs des écluses.
Dernière grande modification : la loi dite Freycinet
A la suite de la loi dite Freycinet, tous les sas d’écluse sont allongés pour faire passer des péniches. D’après Henri Bazin12, les travaux sont « entrepris en vertu de la loi du 13 juillet 1878, [et] terminés en 1882 ». Ils consistent en l’allongement du sas, l’exhaussement et la restauration des bajoyers de la partie conservée ou l’abaissement du radier pour augmenter le tirant d’eau. Enfin, des travaux de remplacement, de modification et de restauration des portes sont aussi mis en œuvre. L’allongement peut se faire en parement de moellon ou de brique. Quand le pont sur écluse se trouve en aval, l’allongement se fait par l’amont et vice-versa. Un aqueduc latéral au sas est par ailleurs installé sur tous les sites d’écluse. Les ingénieurs responsables des travaux entre 1878 et 1882 sont Macquery, Mauris et Laurent. Ils sont secondés par des conducteurs qui dirigent les travaux sur quatre écluses. En 1882, d’après le rapport de l’inspecteur général, 134 des 189 écluses sont déjà allongées13.