Canal de Bourgogne

Sites d’écluse

Les sites d’écluse du canal de Bourgogne : des ouvrages très modernes… au 19e siècle

Le site d’écluse 13 du versant Saône, à Sainte-Sabine : un site ordinaire.
© T. Kuntz, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2012.

Les sites d’écluse aujourd’hui

Site de l’écluse 31 du versant Saône, à Barbirey-sur-Ouche.
Site de l’écluse 31 du versant Saône, à Barbirey-sur-Ouche.

Le canal de Bourgogne est composé de 189 sites d’écluse. Si toutes les écluses sont au gabarit Freycinet (leur sas mesure 39 mètres de long pour 5,20 mètres de large), elles ne sont pas toutes automatisées. Deux sites (Migennes et Germigny) présentaient une écluse double, transformée en écluse simple de grande chute au 20e siècle. 

Détail du mécanisme des portes du sas, site d’écluse 76 du versant Saône, Saint-Jean-de-Losne.
Détail du mécanisme des portes du sas, site d’écluse 76 du versant Saône, Saint-Jean-de-Losne.
Détail du système d'automatisation des portes, site d’écluse 63 du versant Saône, Ouges.
Détail du système d'automatisation des portes, site d’écluse 63 du versant Saône, Ouges.
Double sas de l’écluse 106-107 du versant Yonne, à Germigny.
Double sas de l’écluse 106-107 du versant Yonne, à Germigny.

Les maisons se caractérisent à la fois par leurs typologies et par leurs différentes destinations (garde, perception…). Nous leur avons donné le nom de l’ingénieur qui en a dressé le plan type. Seul le site d’Ouges ne possède plus de maison éclusière. 79 sites présentent un pont routier sur écluse.

Vue générale aérienne et le Canal. Vers 1950. Négatif au gélatino-bromure d’argent sur plastique. Coll. Combier - musée Nicéphore Niépce – Chalon sur Saône -  inv. n° 1975.19.89321.3.1
Vue générale aérienne et le Canal. Vers 1950. Négatif au gélatino-bromure d’argent sur plastique. Coll. Combier - musée Nicéphore Niépce – Chalon sur Saône - inv. n° 1975.19.89321.3.1
Le site d’écluse 63 du versant Saône, à Ouges, un des sites automatisés du canal de Bourgogne. A gauche, les pistes de l’aéroport de Dijon-Longvic.
Le site d’écluse 63 du versant Saône, à Ouges, un des sites automatisés du canal de Bourgogne. A gauche, les pistes de l’aéroport de Dijon-Longvic.

Plusieurs, enfin, possèdent un aqueduc laissant passer un cours d’eau sous le canal en tête amont de l’écluse, ouvrage pas toujours visible.

Les sites ont pu conserver les diverses infrastructures nécessaires à la vie quotidienne : 25 ont encore un jardin bien délimité, 96 un puits, 65 un lavoir et 58 des latrines. Des annexes latérales ou postérieures, construites en moellon, en brique ou en parpaing de béton, servaient à la vie du canal ou à celle des éclusiers et de leur famille : écurie pour les chevaux du halage, atelier pour les réparations… 

Les annexes de la maison éclusière du site de l’écluse 23 du versant Saône, à Veuvey-sur-Ouche.
Les annexes de la maison éclusière du site de l’écluse 23 du versant Saône, à Veuvey-sur-Ouche.
Latrines du site de l’écluse 23 du versant Saône, à Veuvey-sur-Ouche.
Latrines du site de l’écluse 23 du versant Saône, à Veuvey-sur-Ouche.
Lavoir domestique du site de l’écluse 54 du versant Saône à Dijon.

L’esprit des projets

Il faut noter que tous les ouvrages techniques mis en œuvre sur le canal de Bourgogne ont été élaborés longtemps avant sa réalisation, pour d’autres voies d’eau plus anciennes. Il suffit de voir les planches de Bernard Forest de Bélidor au début du 18e siècle : écluse à sas, écluse à vanne et déchargeoir pour l’alimentation et le réglage du débit d’un canal de navigation9. Pour le versant Yonne, financé par l’Etat, l’ingénieur Perronet avait fourni un ensemble de dessins réunis dans une Description des projets… du canal de Bourgogne10,dont aucun n’a été entièrement réalisé. L’un de ses plans, avec élévation d’une écluse en brique et pierre, s’inspire de réalisations savantes. Il est partiellement mis en œuvre pour les deux maisons les plus anciennes du canal à Brienon-sur-Armançon, pour le pont sur la dernière écluse avant l’Yonne à Migennes et pour quelques sas, entre Migennes et Brienon, entièrement en brique. Les dessins de Gauthey (1784) pour le versant Saône (Dijon / Saint-Jean-de-Losne) proposent pour leur part un sas en pierre avec un aqueduc de sortie. Ces projets contemporains relèvent de deux écoles de pensée : celui de Perronet est encore imprégné d’une conception plus proche de l’architecture, représentative de l’esprit de la première moitié du 18e siècle, tandis que celui de Gauthey accorde beaucoup d’importance à tous les aspects techniques, dans l’esprit de l’Ecole des ponts et chaussées de la fin du même siècle.

« Maison d'éclusier ». Élévation et coupes sur la largeur d'une maison éclusière. « Vu et approuvé par nous, Élus Généraux des États du Duché de Bourgogne, pour être exécuté suivant sa forme et teneur, fait en la chambre des Élus généraux à Dijon le 12 janvier 1784 ». Archives départementales de la Côte-d’Or, C 4528, réutilisation soumise à conditions.
« Maison d'éclusier ». Élévation et coupes sur la largeur d'une maison éclusière. « Vu et approuvé par nous, Élus Généraux des États du Duché de Bourgogne, pour être exécuté suivant sa forme et teneur, fait en la chambre des Élus généraux à Dijon le 12 janvier 1784 ». Archives départementales de la Côte-d’Or, C 4528, réutilisation soumise à conditions.

Une construction en étapes

La construction des sites d’écluse s’effectue en plusieurs étapes : elle progresse par tronçons. Leur date d’ouverture à la circulation permet de savoir que les travaux sont presque achevés. En 1808, la partie Seine, de Dijon à Saint-Jean-de-Losne, est terminée. En 1813, le versant Seine est ouvert de Dijon à Pont-de-Pany. En 1822, le versant Yonne est navigable de Migennes à Tonnerre. En 1832, les deux versants se rejoignent de Pont-de-Pany à Tonnerre. 58 écluses auraient ainsi été réalisées avant 1822, les 131 autres par la suite. La reprise du chantier en 1822 est l’occasion d’avancer un certain nombre de prescriptions. L’ingénieur Bonnetat, dans un Devis général pour les travaux du canal de Bourgogne de 182611, préconise ainsi l’utilisation du chêne pour les portes d’écluse et les coussinets des buscs des écluses.

Dernière grande modification : la loi dite Freycinet

A la suite de la loi dite Freycinet, tous les sas d’écluse sont allongés pour faire passer des péniches. D’après Henri Bazin12, les travaux sont « entrepris en vertu de la loi du 13 juillet 1878, [et] terminés en 1882 ». Ils consistent en l’allongement du sas, l’exhaussement et la restauration des bajoyers de la partie conservée ou l’abaissement du radier pour augmenter le tirant d’eau. Enfin, des travaux de remplacement, de modification et de restauration des portes sont aussi mis en œuvre. L’allongement peut se faire en parement de moellon ou de brique. Quand le pont sur écluse se trouve en aval, l’allongement se fait par l’amont et vice-versa. Un aqueduc latéral au sas est par ailleurs installé sur tous les sites d’écluse. Les ingénieurs responsables des travaux entre 1878 et 1882 sont Macquery, Mauris et Laurent. Ils sont secondés par des conducteurs qui dirigent les travaux sur quatre écluses. En 1882, d’après le rapport de l’inspecteur général, 134 des 189 écluses sont déjà allongées13.

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Retour au texte 1 BÉLIDOR, Bernard Forest de, Architecture hydraulique, 1739-1770, Paris : Charles-Antoine Jombert. Par exemple : planches XLIV-XLV.
Retour au texte 2 PERRONET et CHÉZY, « Description des travaux projetés pour le canal de Bourgogne », par Perronet, manuscrit, t. 2, Ecole nationale des ponts et chaussées, fonds ancien, ms. 91, 1783, planche XLVI.
Retour au texte 3 BONNETAT Jean, Ecole nationale des ponts et chaussées, fonds ancien, 4.5224-C305.
Retour au texte 4 BAZIN Henri, « Notice sur l’allongement des écluses du canal de Bourgogne », Annales des Ponts et Chaussées, Paris : Carilian-Goeury, 1885, série 6, vol. 1, t. 9, p. 450-463.  
Retour au texte 5 Archives nationales, F14 13037.