Canal de Bourgogne
La photographie panoramiqueDijon : une ville en mutationLe MuséoParc d’Alésia

Paysages

2. Le canal, aménageur de territoire au moment de sa construction

Le site d'écluse (113 du versant Yonne) à Migennes. L’avant-dernier site d’écluse du canal, côté Yonne, côtoie de près les installations de chemin de fer qui l’ont supplanté. Dans le cas précis de Migennes, l’urbanisme a été dicté par les réseaux de communications : le canal crée un premier axe de développement, le rail est posé en parallèle créant un deuxième axe. La ville, représentée par la mairie et les installations techniques et industrielles - ici des silos - est disposée de part et d’autre. Canal et voie ferrée constituent aussi des barrières qui séparent les deux secteurs et ordonnent la voirie.

© T. Kuntz, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2012.
Montbard
Pont-d’Ouche
Plombières

Ce long réseau technique, équipement industriel de grande ampleur, s’est installé dans des lieux parfois très isolés qu’il a contribué à désenclaver et à développer.

Organisation du territoire : embellissement et régulation hydraulique

Aux 18e et 19e siècles, le canal est vu comme un axe capable de structurer des villages traversés, ce dont témoignent les projets idéaux2 dessinés par les architectes et cartographes de l’époque, mais aussi comme une manière d’améliorer le cadre de vie. D’après des plans non réalisés3 de l’architecte Rodolphe Perronet pour Dijon, une grande esplanade avec plantations d’alignement pour la promenade et des « emplacements destinés pour bâtir avec façades uniformes » sur les rives étaient conçus en même temps que le canal. Ce dernier était également envisagé par tous les théoriciens de la fin du 18e siècle comme un moyen de drainer et d’assécher les terres. Il s’agissait de gagner sur les marais, de planter des arbres d’alignements destinés à l’exploitation et de rendre des terres à la culture, souvent maraîchère.

Destructions modérées

Les destructions liées à la création du canal demeurent limitées, compte tenu de l’ampleur du projet. Les anciennes forges de Veuvey-sur-Ouche sont achetées puis aliénées, moyennant une rente, de 1824 à 18374, mais réinstallées ailleurs. L’usine d’Aisy est entièrement remodelée car traversée par le canal5. Les propriétaires, le marquis Louis-Henri-Casimir de La Guiche et le comte Henri de Chastenay-Lanty, doivent reconstruire en 1827-1828 le haut-fourneau et les bâtiments qui en dépendent. La papeterie Bruant installée dans un ancien moulin de Plombières-lès-Dijon, est entièrement détruite en 1812 pour laisser passer le canal.

Modifications importantes du réseau hydrographique

Deux exemples montrent que chaque passage d’eau, même minime, est retravaillé pour obtenir un bon fonctionnement du réseau d’ensemble, entièrement renouvelé. Un gué est supprimé en 1829 à La Bussière-sur-Ouche à cause d’un changement du cours de l’Ouche. Le tracé du ruisseau de Sainte-Sabine est modifié pour introduire les eaux du réservoir de Chazilly dans le canal (bief 13 du versant Yonne). 

Emergence d’un paysage industriel

Les trois-quarts des communes traversées par le canal ont vu se développer des activités industrielles : carrières (petites dans la vallée de l’Ouche, grandes dans celle de l’Armançon), cimenteries ou fours à chaux liés aux carrières, forges, tuileries et surtout entrepôts de marchandises diverses. Les cartes postales anciennes peuvent seules rendre justice à cette époque industrielle aujourd’hui disparue, et dont l’impact local est difficile à évaluer. Seuls de rares vestiges permettent de l’imaginer : cités ouvrières à Crugey, ruines industrielles, etc. 

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Retour au texte 1 Voir par exemple : De VARINE Béatrice, Villages de la vallée de l’Ouche aux XVIIe et XVIIIe siècles, la seigneurie de Marigny, Roanne : Horvath, 1979.  
Retour au texte 2 BRUYÈRE L., « Plan du village de ***, projet idéal », Frontispice du XIe recueil de ses études relatives à l’art des constructions, Paris, 1823-1828. In Un canal… des canaux… : Catalogue d’exposition, Paris, du 7 mars au 8 juin 1986. Paris, Caisse Nationale des Monuments historiques et des Sites : Picard, 1986.
Retour au texte 3 Plan du bassin de 100 toises de diamètre à faire à la tête du canal pour servir de port, 1782, Archives nationales, F14 10089.2.64.
Retour au texte 4 Archives départementales de la Côte-d’Or, XIII S 1 a / 220.
Retour au texte 5 Archives départementales de la Côte-d’Or, XIII S 1 b / 5.
Retour au texte 6 « Entrée du canal en Saône à Laroche-Migennes », Archives nationales, F14 10089 (3-4) 31 et 32.
Retour au texte 7 Les plantations d’alignement se sont développées sous Henri II en 1552. Elles sont faites et entretenues par les particuliers pour alimenter en ormes les fabriques d’armement. Une loi impose aux riverains des « grands chemins » royaux de planter et entretenir les arbres selon des règles plus précises. Les plantations d’alignement appartiennent au seigneur jusqu’à la Révolution, puis aux riverains avec encadrement de l’Etat. In Un canal… des canaux… : Catalogue d’exposition, Paris, du 7 mars au 8 juin 1986. Paris, Caisse Nationale des Monuments historiques et des Sites : Picard, 1986, p. 249
Retour au texte 8  Archives départementales de l’Yonne, 4. Sa. 143.
Retour au texte 9  P.L.M. : Paris-Lyon- Méditerranée. Archives départementales de la Côte-d’Or, XIII S 1 a / 58.