Paysages
Evolution avec la désindustrialisation
Avec la fin de l’activité industrielle, les entrepôts qui jalonnent les nombreux ports et gares d’eau ont disparu et les aménagements liés ont été démontés. De grands établissements ont ainsi été rayés du paysage : de l’usine de taille de pierre de Chassignelles (Yonne), par exemple, ne sont conservés que quelques vestiges. Dans les années 1920, on constate que l’habitat commence à s’organiser en fonction du canal : quelques constructions de cette période recherchent la vue sur ses eaux tranquilles. Avant, l’engouement n’est pas perceptible, sauf dans le cas des réservoirs. Les cartes postales anciennes permettent de suivre l’évolution depuis la fin du 19e siècle, sur les bords du lac de Pont, de cabanes qui se multiplient après la Première Guerre mondiale. Mais il n’y pas eu de villégiature importante liée au canal.
Le canal au 21e siècle
Comme le canal de Bourgogne passe rarement au cœur des communes, il présente essentiellement des images rurales, où l’industrialisation n’est que peu visible, sauf dans les traversées de Dijon et de Saint-Jean-de-Losne. Les grands sites industriels abandonnés sont recouverts de végétation et se fondent dans les forêts et prairies avoisinantes. Les fronts de taille des carrières de l’Yonne dominent naturellement des parties reboisées. Bien que le canal ne relève pas de la géographie naturelle, il est cependant devenu un point de repère, un axe qui réunit sur ses berges des éléments qui lui sont antérieurs - ou non - même s'ils n’ont pas forcément de lien avec lui. Désormais ancré dans le territoire, il fait l'objet d'un attachement patrimonial récent.
Aperçu des éléments patrimoniaux recensés autour du canal de Bourgogne
- édifices religieux (église, chapelle, presbytère) : 22
- activités traditionnelles antérieures au canal (lavoir, ferme, moulin, forge, relais de poste) : 10
- ensembles urbains (village, quartier, centre-ville): 8
- équipements urbains (mairie, pensionnat, marché couvert) : 4
- ouvrages relevant du génie civil : 19 dont 5 ponts en co-visibilité, 13 édifices liés à l’activité ferroviaire (maisons de garde-barrière, gares, 2 rotondes, 1 technicentre SNCF, 1 poste de commande centralisée et 1 aéroport)
- habitations particulières : 13 dont 9 châteaux, 3 demeures et 1 maison forte
- autres éléments patrimoniaux : 2 croix de chemin, 2 monuments commémoratifs, 1 maladrerie, 1 mur évacuateur de crue.
Conclusion
Aux grands travaux de la construction du canal a succédé une phase de naissance et de développement d’un paysage industriel et commercial. Avec la désindustrialisation s’est peu à peu mis en place un nouveau paysage, ressenti aujourd’hui comme « naturel », bien que cette impression n’ait pas de fondement historique. Il s’agit là d’un complet changement de valeur (passage d’une valeur industrielle et commerciale à une valeur naturelle) accompagné de l’apparition de nouvelles activités et de la villégiature (pensée sur les réservoirs dès le 19e siècle).