L’un des exemples les plus connus d’industries aujourd’hui disparues sur le canal du Centre reste celui de l’usine Perrusson-Desfontaines, à Ecuisses, rive gauche, en amont du site d’écluse 06 du versant Saône.
L’usine de céramique Perrusson et Desfontaines
© T. Kuntz, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2012.
Cette usine demande l’autorisation de prendre de l’eau dans le canal dès 1866. Cette autorisation est renouvelée en 1890. Un port est installé face à l’entrée de l’usine : le canal est élargi rive gauche, juste en amont du sas, un quai aménagé avec pont de chargement métallique, comme le montrent certaines cartes postales anciennes.
Voici comment le chercheur Frédéric Pillet présente cette usine1 :
« Après une première fabrique de briques réfractaires en 1860, Jean-Marie Perrusson installe en 1863 une tuilerie mécanique, à laquelle il adjoint un atelier de fabrication de carreaux en grès cérame en 1875. J.-M. Perrusson développe cette activité céramique en Saône-et-Loire (Saint-Julien-sur-Dheune en 1866, Saint-Pantaléon en 1870) et au-delà même du département (dans le Cher à Sancoins en 1870, en Charente à Fontafié en 1878). L'entreprise prend le nom de Perrusson fils et Desfontaines vers 1890. Tournée vers la production de tuiles mécaniques, l'usine fabrique aussi des céramiques architecturales, des statues... En avril 1960, l'usine d'Ecuisses ferme définitivement ses portes. La grande majorité des bâtiments sont alors détruits, laissant place à une entreprise de récupération de métaux. Le bâtiment des bureaux, des vestiaires d'usine, de la conciergerie et de l'atelier d'électricité, est le seul vestige significatif du site. Cet ensemble, construit vers 1890/1900, présente divers exemples de la production de l'usine. Les anciennes « forges et menuiserie » de l'usine ont été très profondément remaniées. L'usine employait 40 ouvriers en 1860, 80 en 1874, 130 en 1890, 300 en 1900, 280 en 1930, 130 vers 1945/50.
Le bâtiment des bureaux, vestiaires et conciergerie, formé de deux ailes s'articulant perpendiculairement de part et d'autre d'un porche, se compose d'un rez-de-chaussée et d'un étage carré. Les murs sont en tuile en gros oeuvre enduite. L'ensemble est couvert d'un toit à longs pans en tuile mécanique. »
« Le porche, situé à l'angle de la route longeant le canal et de la rue de la Gare, s'inscrit entre deux pilastres en brique. Un linteau métallique repose sur deux consoles en céramique décorative. Il est surmonté d'une frise constituée de panneaux de céramique (alternance de motifs floraux polychromes et de pilastres en céramique). L'ensemble du bâtiment est couronné d'une corniche en brique, ponctuée de cabochons en céramique glaçurée au-dessus des baies et du porche. Un soin particulier a été apporté au décor de l'aile gauche (bureaux), face au canal. Les extrados des arcs en brique couvrant les baies de l'étage carré ainsi que les appuis de fenêtre sont en briques polychromes (noires), tandis que les allèges sont ornées de panneaux de céramique. Les baies de l'étage carré sont initialement jumelées par deux, séparées par un pilier en brique surmonté d'un chapiteau en céramique, alors que les baies du rez-de-chaussée sont traitées comme des soupiraux et sont alignées avec celles de l'étage. L'équilibre de cette façade a été rompu par l'adjonction d'une troisième baie en certains endroits et d'une extension sud percée de baies simples. Les autres bâtiments de l'usine ont été profondément remaniés depuis trente ans. »
L’enquête sur le canal du Centre permet d’ajouter que le bâtiment de l’usine est construit sur les remblais de l’ancien lit du canal, modifié dans les années 1890 par l’amélioration générale des biefs induite par le passage au gabarit Freycinet. C’est très visible aujourd’hui grâce au Musée du Canal, qui met en valeur l’ancien sas de l’écluse IX, désaxé par rapport au canal actuel.