Coup d'oeil sur les archives
Le canal du Centre a requis l’attention d’ingénieurs avisés, comme Arthur Fontaine, qui ont publié leurs travaux. Les historiens bénéficient ainsi aujourd’hui d’informations de première main sur les travaux effectués. Ainsi, cette note, publiée dans les Annales des Ponts et Chaussées de 1892, résume-t-elle les transformations importantes effectuées sur la voie d’eau lors de sa mise au gabarit Freycinet1.
Fontaine décrit précisément les travaux.
« Les écluses du canal du Centre avaient, jusqu’en 1881, 30 mètres de longueur utile (entre la corde du mur de chute et l’enclave des portes d’aval). Cette longueur a été portée à 38 m 50, conformément à la loi du 5 août 1879. Les radiers de ces écluses ont été, en outre, abaissés, de 0, 60 en moyenne, afin de faciliter l’entrée et la sortie des bateaux chargés, en laissant au-dessous du fond de ces bateaux 0, 80 m de hauteur pour le refoulement de l’eau. »
« A Longpendu, […] une écluse a été allongée et les six autres ont été remplacées par trois écluses neuves, construites dans le lit même du canal, entre les écluses supprimées. La longueur moyenne des biefs a ainsi été portée à 220 m. »
« A Saint-Julien-sur-Dheune, neuf écluses […]. On a redressé quatre parties du canal et remplacé huit anciennes écluses par quatre écluses neuves, placées sur les déviations ; une écluse seulement a été allongée. »
« Près de Chalon, on a remplacé quatre anciennes écluses par deux écluses à grande chute. […] Au Gauchard, un bief de 169 m de long a été supprimé, en augmentant les longueurs, déjà assez grandes, des deux biefs amont et aval. »
« Enfin à Rully, neuf écluses […]. On a allongé une de ces écluses et remplacé les huit autres par quatre écluses neuves, dont trois ont été construite dans le lit du canal et la quatrième sur une déviation. […] Cette importante amélioration a été complétée par la construction d’une rigole régulatrice longeant tous ces biefs et assurant leur alimentation automatique à un niveau toujours constant.»
« En somme, sur les cinquante écluses du versant de la Saône, treize, un peu plus du quart, ont été supprimées. On a ainsi obtenu les précieux avantages de diminuer notablement la longueur virtuelle du canal, de rectifier les parties les plus sinueuses, d’allonger les biefs et aussi de réduire un peu les variations de niveau dangereuses produites par les éclusages dans les biefs très courts […] »
Des détails sont précisés non seulement à propos des difficultés rencontrées, mais aussi à propos de la conduite du chantier.
« Les projets des écluses à chute de 5 m 20 ont été dressés par MM Eugène Résal, Moraillon et Variot, sous-ingénieurs. Les travaux ont été surveillés par MM les conducteurs Gireau, à Longpendu et à Saint-Julien, Bonnard, à Chalon et au Gauchard, Gibassier, à Rully. »
Des ouvrages particuliers au canal du Centre
Quelques ouvrages particuliers à cette voie d’eau sont décrits.
La rigole régulatrice de Rully
L’importance des rigoles régulatrices est rappelée. La première est installée à Longpendu et reconstruite par Comoy en 1855. La longueur de celle de Rully est de 2384 mètres. « La prise d’eau de la rigole se fait par un mur-déversoir de 6 mètres de longueur et par une vanne de 1m 60 de largeur, établie au milieu de ce mur, descendue jusqu’au fond du bief et manœuvré par un cric. […] Une passerelle en fer, sur le pertuis, maintient la continuité du halage. »
Ouvrage régulateur du site d’écluse 11 du versant Méditerranée
« Le déversoir est placé immédiatement à l’amont de l’écluse, sur l’arrête de la digue […] » Il permet à une rigole régulatrice qui contourne simplement le site d’écluse qui n’est qu’allongé, d’envoyer le surplus d’eau du sas plus important dans le sas plus bas, lui aussi plus important.
Prise d’eau du réservoir de Montaubry
« La transformation des biefs de Saint-Julien par la construction d’écluses à grande chute a nécessité le déplacement de l’ouvrage d’introduction dans le canal des eaux du réservoir de Montaubry. On a simplifié beaucoup cet ouvrage en le remplaçant par une vanne cylindrique. »
L’auteur
Jean-Baptiste-Arthur Fontaine (1838-1900) était ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. Après avoir travaillé aux chemins de fer du Doubs, il est affecté au canal du Centre en 1873, en poursuivant son suivi de lignes ferroviaires. Il reçoit la Légion d’honneur en 18942, en tant qu’« ingénieur en chef, à Dijon, du canal de Bourgogne et du contrôle des travaux des chemins de fer d’Epinac aux Laumes et d’Epinac à Velars, concédées à la Cie P. L. M. »3