Ouvrages d'art
© T. Kuntz, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2012.
« La simplicité du tracé du canal du Centre, et le peu de travaux extraordinaires qu’il contient, ont permis de donner en peu de mots, et dans un petit nombre de planches, une connaissance suffisante de toutes les parties de cet ouvrage qui peuvent exciter quelque intérêt. »1
Le canal du Centre au 18e siècle2
- Longueur totale : 114,125 km
- 11 ports
- 72 maisons : 8 desservent deux écluses proches
- 48 ponts
Chiffres
- Longueur totale : 114,125 km
- 11 ports
- 80 écluses : 30 pour la Bourbince et 50 pour la Dheune, de 2,6 m de chute (sauf Loire : 2,27 m et Saône : 3,57 m)
- 52 simples, 23 avec pont, 6 avec aqueduc sous mur de chute
- 72 maisons : 8 desservent deux écluses proches
- 48 ponts
- 76 aqueducs
- Plus de 35 km pour les 3 rigoles
- 3 réservoirs de dépôt et 15 à 20 étangs qui doivent servir de réservoirs. Les deux grands réservoirs ne sont pas encore faits.
Généralités
Les 48 kilomètres du versant Saône et les 68 du versant Loire sont jalonnés respectivement de 35 et de 26 écluses, dont les sas sont au gabarit Freycinet. Le bief de partage s’étend sur quatre kilomètres. L’ouvrage le plus spectaculaire est sans doute ce qu’on appelle de manière impropre l’échelle d’écluses d’Écuisses, qui s’apparente davantage à une succession de biefs très courts. Le canal du Centre possède aussi trois passages en tranchée (Chagny, Longpendu et Génelard), réalisés dès l’origine et dont l’étanchéité a posé problème.
Il n’a qu’un pont-canal, construit à partir de 1846 pour le passage de la ligne ferroviaire Paris-Lyon-Méditerranée, mise en service en 1849.
L'échelle d'écluses d'Ecuisses est conçue par Gauthey : elle fait partie des plans d'origine du canal. L’ingénieur démontre dans ses Mémoires3 son intérêt pour économiser l'eau. Sept sas d'écluses4 permettaient de franchir le dénivelé lié au seuil de partage pour redescendre dans la vallée de la Dheune. A ces sept sas correspondaient quatre maisons éclusières, dont les numéros sont toujours sur les pignons. Les images anciennes montrent qu'elles étaient en amont du sas. Deux ponts permettaient de franchir le canal au 18e siècle5 : le premier, pont des Sept Ecluses, sur le sas 01 et le second, pont de la Motte, sur l'ancienne écluse VII. Ce dernier est aujourd'hui isolé, suite aux travaux liés à la loi Freycinet. Les sas en moellon avaient des perrés arrondis. La rigole alimentaire et régulatrice de ces biefs, une première selon l'ingénieur Fontaine, a été conçue en 1831 par l'ingénieur Vallée, afin de rendre ces biefs très courts utilisables en période de manque d'eau. Reconstruite par Comoy en 1855, elle « apporte à ces biefs qui n'ont qu'une très faible capacité l'eau dont ils ont besoin pour satisfaire aux exigences de la navigation qui leur est propre, et elle verse dans l'étang de la Motte l'eau nécessaire pour l'alimentation des parties inférieures du canal. Elle s'embranche sur la rigole de Bondilly qui entretient le bief de partage ; elle est divisée par des déversoirs en autant de biefs que la partie du canal à laquelle elle est parallèle [...] »6. Ce système sera généralisé par la suite lors de la mise au gabarit Freycinet qui s'effectue dans les années 1886-18897. La pépinière des Sept Ecluses est créée avant 1816-1817 sur la rive droite, en aval du site d'écluse 01 Méditerranée, avec une construction dédiée à l'emplacement de l'actuel local moderne de Voies Navigables de France. Une maison de garde est indiquée rive gauche, dans le bief 02. La rive gauche du canal sert de port vers 1860. Une infrastructure est construite en aval de la première écluse, ainsi qu’un mur de quai « pour le port de Longpendu » entre les écluses 02 et 03 vers 1858-18608.
Tranchées
La tranchée de Chagny est souvent l’objet de plaintes formulées par les usagers et les ingénieurs car les défauts d’étanchéité y sont difficiles à régler. Le choix de passer en tranchée à Chagny est expliqué par Gauthey pour des raisons qui allient motifs économiques (ne pas faire de tort au commerce), techniques (ne pas trop allonger ni complexifier le chemin) et financiers (ne pas trop alourdir le coût des ouvrages). Voici comment elle est décrite : « [...] la grande tranchée pour le passage du seuil de Chagny, dont la longueur totale est de 1800 mètres, et la plus grande profondeur de 12,34 mètres. Dans la presque totalité de la tranchée, la largeur du canal est réduite à 5,20 mètres au fond. Il y a une gare au milieu de la longueur. Les talus sont revêtus dans quelques parties par des murs en pierre sèche, dont les parements sont maçonnés sur 32 centimètres d'épaisseur : ces murs, sur 6,95 mètres de hauteur, ont 1,46 mètre d'épaisseur au sommet, et 3,25 mètres à la base. Dans d'autres parties, les murs de revêtement sont en maçonnerie : ils ont alors 77 centimètres d'épaisseur au sommet, 2,39 mètres à la base, et sont garnis par derrière jusqu'à 5,82 mètres de hauteur, par trois rangs d'arcades de 3,25 mètres d'ouverture, dont les piédroits ont 1,3 mètre de largeur et 97 centimètres de saillie sur le mur auquel ils sont adossés. Au-dessus des murs est une berme de 7,8 mètres de largeur, après laquelle le terrain est coupé sur un talus de 1 1/2. Il y a ensuite, au niveau naturel du terrain, une seconde berme de 5,85 mètres, au-dessus de laquelle s'élèvent les remblais. Les murs finissent à 120 mètres avant l'écluse de la Tranchée. »9
Les archives précisent qu'un couronnement en pierre de taille est établi sur le mur de la tranchée entre 1860 et 1865, et qu'elle est élargie entre 1864 et 1882. Il s'agit de l' « élargir à 10 m, en conservant le mur de gauche, le mur de droite serait remplacé par 2 murs séparés par une banquette de halage de 3 m de largeur et dont celui du bas serait couronné à 3 m 20 au-dessus du plafond. Les talus de déblai seraient réglés à 45°, ils s'étendront un peu en dehors du sommet du talus actuel. »10. D’après les indications données dans les rapports des ingénieurs11, « [...] les bateaux qui traversent la tranchée de Chagny dépassent moyennement le nombre de 5000 par an. »
Réservoirs tampons
© T. Kuntz, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2012.
La caractéristique du canal du Centre est de posséder des réservoirs tampons, bassins qui récupèrent l’eau d’autres réservoirs avant d’alimenter le canal. Cette technique est le résultat d’un double héritage : celui du territoire, où existaient antérieurement des chapelets d’étangs, et celui de Gauthey, qui prônait les réservoirs tampons pour éviter l’ensablement. Les étangs de la Muette et de la Corne-au-Vilain récupèrent les eaux des deux étangs de Torcy grâce à la rigole de Torcy. L’étang de la Motte reçoit celles de la rigole régulatrice de l’échelle d’écluses d’Ecuisses et de l’étang de Bondilly.
Rigoles
Les rigoles sur le canal du Centre se présentent sous deux aspects particuliers : certaines sont navigables et d’autres améliorent l’alimentation en eau.
Deux d’entre elles ont été conçues pour la navigation : la rigole de Torcy et celle de l’Arroux. Elles desservaient des industries. Si la première, construite dès le tout début du 19e siècle, a été délaissée pour le chemin de fer dès 1830, la seconde, construite sur demande en 1867, a fonctionné jusqu’à son abandon pour la route avant les années 196012.
Les problèmes d’alimentation en eau, en particulier dans les biefs courts du versant Méditerranée, ont conduit l’ingénieur Vallée à établir en 1831 sur l’échelle d’écluses d’Ecuisses, une rigole régulatrice des biefs, jalonnée de bassins de rétention. L’ingénieur Comoy réutilise cette méthode pour la rigole régulatrice de Rully, en 1854. Les deux systèmes existent toujours, malgré les aménagements ultérieurs.
L'actuelle échelle d'écluses d'Ecuisses, à l’entrée du versant Méditerranée, se compose de quatre sas dont trois à chute double. Quatre maisons éclusières, rive droite, témoignent des emplacements des anciens sas. A l'échelle d'écluses proprement dite sont associés plusieurs réseaux d'alimentation hydraulique. En amont du sas de l'écluse 01 arrive la rigole de Bondilly, rive droite, et celle du réservoir de Longpendu, rive gauche. Deux bassins d'épargne et le réservoir de dépôt de l'étang de la Motte permettent d'alimenter chaque bief rive droite. Ils sont reliés au canal par des déversoirs. La rigole régulatrice des sept écluses naît de la rigole de prise d'eau du réservoir de Bondilly, passe derrière les bassins d'épargne auxquels elle est reliée par des déversoirs, longe la rive droite du canal en aval de l'écluse 03 et parvient au réservoir de dépôt de la Motte en passant derrière la maison éclusière 04. A l'emplacement d’une maison de la Pépinière, dans le bief 02, se trouve une construction moderne abritant un atelier du canal.