Alimentation en eau
Les historiens ont la chance de posséder des sources incomparables sur l’histoire de l’alimentation en eau du canal du Centre : les ingénieurs en charge de cet ouvrage ont publié leurs travaux donnant ainsi des données précises sur tout le 19e siècle. Depuis Émiland-Marie Gauthey lui-même (entre 1780 et 1790) jusqu’à Fontaine (1892), en passant par Comoy (1841), les solutions choisies sont analysées et comparées. Leurs affirmations sont corroborées par les dossiers administratifs des archives.
L’objectif de ces études et travaux n’est autre qu’une meilleure alimentation du canal, problématique essentielle pour une voie d’eau artificielle. L’ingénieur Comoy résume ainsi les enjeux de la course à l’augmentation des réserves en eau :
« Mais le régime actuel de navigation est évidemment un état transitoire. La navigation du canal du Centre avec son chômage a été jusqu’à ce jour meilleure que celle des rivières avec lesquelles le canal communique, le Saône et la Loire. Mais les travaux d’amélioration de la Saône se poursuivant avec activité, et dans peu de temps la navigation sera assurée sur cette rivière pour toute l’année. Le canal latéral à la Loire est ouvert à la navigation depuis deux ans, et il sera bientôt en état de satisfaire à une navigation non interrompue. Si la navigation du canal du Centre continuait de chômer chaque année, elle se trouverait à son tour dans un état d’infériorité qui atténuerait considérablement les avantages que le pays peut attendre de l’amélioration de la Saône et de l’ouverture du canal latéral à la Loire. »1
Camille Ragut2 donne un état des lieux en 1838, suffisamment général pour s’appliquer de la fin du 18e au 20e siècle.
« Le bief de partage traverse la chaîne de montagnes qui sépare la Loire de la Saône, dans un endroit où elle est fort basse et comme interrompue. Le niveau de ce point de partage n’est élevé que de 133 mètres au-dessus de la vallée de la Saône à Mâcon, ou de 307 mètres au-dessus de la Méditerranée. Sa position était indiquée par les étangs de Montchanin et de Longpendu, situés très près l’un de l’autre, le premier sur le versant de la Loire, le second sur le versant de la Saône. Le bief de partage est alimenté par douze étangs ou réservoirs […] Leur superficie totale est de 250 hectares […] Le bief de partage est encore alimenté par trois rigoles […] Etangs dépendants du canal du Centre : étang de Torcy (Torcy), étang Berthaud (Saint-Eusèbe), Longpendu (Ecuisses), de la Ravarde (Ecuisses), Etang Neuf (Saint-Laurent-d’Andenay), de la Muette (Saint-Eusèbe), de Bordeau (Ecuisses), Saint-Pierre (Saint-Laurent-d’Andenay), de Bondilly (Ecuisses), de la Corne-au-Vilain (Saint-Laurent-d’Andenay), de Montchanin (Saint-Laurent-d’Andenay), Leduc (Torcy) alimentent le point de partage. Parisenot (Saint-Eusèbe) alimente le bief 05 du versant Loire/Océan. »