Canal du Centre
Le réservoir de MontaubryBief de partageLa maison des Arquebusiers de Chalon-sur-SaôneLa maison du jardinier et de l'éclusierLa maison du site d'écluse 09 du versant Océan

Alimentation en eau

3. Usages et aléas de ce système (fin 18e - 1841)

L’ingénieur Comoy analyse de manière critique le système conçu par Gauthey. Il fait également un historique précis permettant de reconstituer les étapes de son amélioration jusqu’en 1841.6

Malgré les efforts de Gauthey, dès avril-mai, la navigation ne progressait que par convoi, « condition tout à fait déplorable » d’après Comoy. Les bateaux se regroupaient à un endroit donné et descendaient grâce à des lâchers d’eau programmés. Il donne à ces insuffisances plusieurs causes. L’eau qui ne venait presque que du bief de partage était mal utilisée : on ne pouvait stocker le trop-plein, qui dès lors était perdu. Les sables devaient sans arrêt être curés car les rigoles comme les réservoirs, trop petits, s’ensablaient. Pendant ces travaux, la navigation était à l’arrêt. Les rigoles se révèlent inefficaces :

  • La rigole de Saint-Julien : « Je n’ai pu trouver une seule trace de son service. »
  • La rigole de Marigny : « Celle de Marigny fut entretenue jusqu’en 1818 ; mais principalement pour conduire au point de partage les eaux des étangs qui étaient établis à l’origine de cette rigole. Comme le cube de ces eaux était à peu près insignifiant, et que les frais d’entretien et de curage de la rigole s’élevaient chaque année à une somme considérable, on se décida en 1818 à l’abandonner complètement. »
  • La rigole de Torcy : « La rigole de Torcy est la seule qui soit conservée : mais ce n’est pas comme rigole pérenne qu’elle fonctionne, elle a principalement pour but de conduire au bief de partage les eaux de deux réservoirs importants, l’étang de Torcy et l’étang Leduc. »

En conséquence, des améliorations successives sont apportées.

  • En 1800, on créa l’étang de Torcy qui porta la capacité des réservoirs à 2 256 866 m3.
  • En 1804, on fit l’acquisition de quatre petits étangs dans la forêt d’Avoise ; ces étangs portèrent la capacité des réservoirs à 2 836 866 m3.
  • En 1821, la capacité des réservoirs fut portée à 3 331 099 m3 par l’acquisition de l’étang Leduc et quelques modifications apportées à d’autres réservoirs.
  • En 1826, on exhaussa l’étang de Torcy de 4 m et le canal put jouir dès 1827 d’une réserve de 5 403 446 m3.
  • L’exhaussement de l’étang de Torcy est la première amélioration efficace que l’alimentation du canal du Centre ait reçue. Le cube des réserves a été dès lors assez élevé pour faire complètement disparaître la navigation par convoi. […]

Panorama sur l’étang de Montchanin. L’étang, l’allée des Soupirs qui prend place sur la digue talutée séparant le canal de l’étang et au fond, le pont Jeanne-Rose. Bief de partage à Saint-Laurent-d’Andenay.

© T. Kuntz, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2012.

Depuis 1827, le cube des réserves du point de partage a été successivement porté à 5 955 827 m3 par les travaux importants d’isolement du bief de partage qui auparavant traversait l’étang de Montchanin, travaux exécutés en 1829 et 1830, puis à 7 610 647 m3 par le rétablissement de l’étang Berthaud dont la digue avait été rompue en 1829, et par l’agrandissement de cet étang, travaux qui ont été achevés en 1835 […]

Les étangs de Volèvre et de Colayot sur le versant de la Loire furent assez promptement abandonnés : leur capacité était trop faible pour qu’on pût en tirer quelque utilité.

Les prises d’eau pérennes des deux versants furent augmentées et autrement disposées.

Sur le versant de la Saône, on établit en 1825 une prise d’eau en aval de la 14e écluse, et en 1831 une prise d’eau en aval de la 25e ; ces deux prises d’eau ayant pour but de répartir d’une manière plus utile les eaux qui auparavant entraient toutes au canal par la prise d’eau primitive de la Dheune. En 1826 on créa la prise d’eau de la Cozanne qui entre au canal dans le bief d’aval de la 30e écluse Méditerranée.

Sur le versant de la Loire, on établit en 1804 la prise d’eau de Saint-Gelin, en aval de la 7e écluse Océan ; prise d’eau qui est devenue assez importante par l’abandon de la rigole de Marigny en 1818, les eaux que cette rigole recevait tombant naturellement dans la Bourbince, en amont de Saint-Gelin. Puis on a introduit dans le canal les eaux qui s’écoulaient par deux aqueducs, ceux de la Valteuse et de Vandin, qui étaient entièrement obstrués […]

Maintenant, la navigation marche d’une manière continue jusqu’au chômage, mais non pas sans entraves […] ».7

Quelques chiffres de 1841 résument les capacités d’alimentation en eau :

  • capacité des réservoirs : 7 610 647 m;
  • chômage : 80 jours ;
  • alimentation par eaux naturelles : entre 130 et 160 jours, donc entre 125 et 155 jours d’alimentation par les réservoirs, pour des besoins de 30 000 à 40 000 m3/jour8.

Il reste néanmoins certains problèmes à régler. Sur le versant Saône, la dépense d’eau est proportionnellement plus forte que celle du versant Loire. Le nombre de prises d’eau est insuffisant, si bien que les biefs courts et la tranchée de Chagny deviennent vite impraticables.

La rigole alimentaire et régulatrice des six premiers biefs a beaucoup amélioré la situation. « Cette rigole, construite en 1831 par M. Vallée, entretient chacun des six premiers biefs de ce versant à la hauteur voulue, et verse les eaux qu’elle tire du bief de partage dans le réservoir secondaire de la Motte, où l’eau est prise pour alimenter tout le versant. »9

Sur le versant Loire, il n’y avait pas de problème jusqu’à la construction du « canal latéral, mis en communication avec le canal du Centre en 1837, au moyen d’une branche de jonction de 5 kilomètres de longueur creusée dans des terrains très sablonneux ». Cet ouvrage entraîne trop de déperditions d’eau qui ne sont pas encore résolues.

Afficher / Masquer toutes les notes
Retour au texte 1 COMOY Ernest, « Sur l’alimentation en particulier du canal du Centre et sur l’alimentation en général des canaux à point de partage », mémoire n° 4, in Mémoires, Annales des Ponts et Chaussées, 1941.
Retour au texte 2 RAGUT Camille, Statistique du département de Saône-et-Loire, t. 1, Mâcon : imprimerie de Dejussieu, 1838, p. 502.
Retour au texte 3 COMOY Ernest, op. cit.
Retour au texte 4 GAUTHEY Emiland-Marie, Mémoires sur les canaux de navigation et particulièrement sur le canal du Centre, publiés par Navier, Paris : Editions Firmin-Didot, 1816, p. 157.
Retour au texte 5 GAUTHEY Emiland-Marie, op. cit., p. 212.
Retour au texte 6 COMOY Ernest, op. cit.
Retour au texte 7 Ibid.
Retour au texte 8 Ibid.
Retour au texte 9 Ibid.
Retour au texte 10 In Annales des Ponts et Chaussées, 1892.
Retour au texte 11 Ibid.
Retour au texte 12 Archives départementales de Saône-et-Loire, 1695 W.