Maisons
Une maison symbole
Le modèle Gauthey est le seul construit sur tout le linéaire aux origines du canal, comme l’attestent les devis de 17841. Une description du début du 19e siècle précise : « Il n’y a que soixante-douze maisons d’éclusiers, parce qu’il y en a huit qui servent pour deux écluses qui sont près l’une de l’autre. »2. Plus loin : « Les maisons d’éclusiers ont 10,4 mètres de longueur sur 7,15 mètres de largeur hors d’œuvre [sic]. Elles sont composées d’une chambre de 6 mètres en carré, d’un cabinet de 2,6 sur 2,9 mètres, et d’un lavoir de même dimension, dans lequel est placé l’escalier du grenier, celui de la cave, et un four de 1,46 mètre de diamètre. La cave est voûtée et placée sous le cabinet et le lavoir. La chambre et le cabinet ont 2,71 mètres de hauteur sous plancher. L’épaisseur des murs est de 60 centimètres. »
Comment ce type a-t-il été conçu ? Il se caractérise par son mur pignon ouvrant sur le canal. Une « Représentation générale du projet du canal du Charollais de la Saône à la Loire », en quatre feuilles, de Paray-le-Monial à Saint-Julien et de Chagny à Chalon-sur-Saône, dressé par Gauthey, ratifiée par les États de Bourgogne et datée de 17823 montre le dessin d’une maison éclusière. Son pignon donne sur le canal : très sobre, il ne présente qu’une porte et un œil-de-bœuf.
Les réalisations antérieures sur les canaux et les projets contemporains sont morphologiquement différents : la construction travaille ici sur le dénivelé propre aux levées des canaux, qu’elle exploite par une cave. La maison apparaît comme compacte, très fonctionnelle par ses aménagements (four à pain, lavoir, évier, cheminée, annexes) et sans désir d’ostentation : il n’est pas mentionné de chaînage d’angle, ni de jeu sophistiqué sur les extérieurs. Dès cette fin du 18e siècle, elle semble déjà dans l’esprit fonctionnel qui sera celui du siècle suivant.
En 1834, le plan est repris par l’ingénieur Comoy pour le site d’écluse XXXIX du versant Méditerranée. Ce plan devient au 19e siècle caractéristique des canaux bourguignons puisqu’il est réinterprété, avec des variantes, sur ceux de Bourgogne et du Nivernais.