La ferme du Montceau
Dominant la rive gauche du canal, le domaine comprend ferme, pigeonnier et divers bâtiments à fonction agricole, ainsi qu’un corps de logis à deux ailes en équerre1.
Le cadastre de 18282 n'indique que la partie du corps de logis perpendiculaire à la route. Le domaine appartenait alors au comte de Chabrillan, également propriétaire du château de Digoine. Cette aile, la plus ancienne, correspondant au domaine fermier du 17e siècle, possède un étage. Une porte d'entrée sous arc en plein-cintre, avec encadrement de pierre, dont le claveau était orné d'un écusson, aujourd'hui martelé, ouvre dans la partie gauche du bâtiment. On accède aux parties hautes (étage et combles) par une large porte à encadrement de pierre qui donne dans une tour d’escalier carrée.
L'autre aile, datable du milieu du 19e siècle, s'élève sur trois niveaux et un étage de comble. Une pièce d'eau, vestige d'un ancien aménagement, est encore visible entre la route et le logis. D'autres bâtiments, à usage agricole, ont été édifiés aux alentours, notamment pour accueillir des animaux.
La construction frappe par la mise en œuvre de la pierre jaune du Charolais, utilisée pour les marches de l’escalier. A l’arrière est adossée une galerie à arcades en plein-cintre.
Les fermes-écoles du milieu du 19e siècle
Le décret du 3 octobre 1848 met en place des fermes-écoles départementales, et ajoute 41 sites d'enseignement aux 27 déjà existants. Libre de tout fermage, le domaine du Montceau est proposé par le comte Aimé-Jacques de Chabrillan en 1847, peu de temps avant sa mort, pour accueillir une de ces « Fermes-écoles du gouvernement », destinées à « former de bons chefs de culture et contre-maîtres ruraux ». Elle est placée sous la direction de M. Bouthier de Latour. L'Etat prend en charge les frais3. L’inscription était gratuite, ainsi que le gîte et le couvert. Le seul coût engendré était l’achat du trousseau nécessaire aux cours.
« Les étudiants y entraient à l’âge minimum de 16 ans. Les études duraient trois années et chaque promotion comptait 11 élèves. L’enseignement était divisé en cours théoriques (6h sur 8 en hiver, 1h sur 8 en été) délivrés par un instituteur (M. Luzy) et en travaux pratiques (labourage, drainage, fenaison, moisson, battage, élevage, culture de céréales, pommes de terre et betteraves et vigne) dirigés par un chef de culture et un chef jardinier. Chaque élève touchait une prime de 75 francs à la fin du cursus, permettant en partie de recouvrir l’investissement du départ pour le trousseau. Le majeur de la promotion avait une prime de 400 francs. »4
Sous le Second Empire, l'enseignement professionnel n'est plus favorisé. De plus, le recrutement est difficile car les paysans doivent se séparer de cette main-d’œuvre pendant tout le temps de la scolarité. L'école aurait fermé en 18765. « Une plaque apposée dans la chapelle gauche de l'église de Saint-Aubin rappelle la mémoire de M. Abel Laurent Jacquier, Directeur de la ferme-école de Montceau, décédé le 30 avril 1876. »6
« Les pratiques enseignées dans cette école donnent de précieuses informations sur l’économie agricole de l’époque. L’élevage n’est qu’une composante de l’enseignement : le Charolais-Brionnais était encore en 1848 un pays de polyculture et d’élevage. La vigne y était cultivée jusqu’à la crise du phylloxéra dans les années 1860. »7