La Motte-Bouchot
La première mention du château de la Motte remonte à 1288. Il appartient à la famille Damas, sous le nom de Maison de la Motte-Marcilly, jusqu'en 1621. Les Damas le vendent à Pierre Garnier, écuyer, seigneur du Vouchot, qui lui donne son nom. Hérité par Pierre de Chargère, il est loué en 1760, à Jobert D'Estain, maître de forges au Mesvrain, envoyé par l'abbé de Fénelon, prieur de Saint-Sernin-du-Bois.
Il avait le titre d' « entrepreneur de flottage et du canal de Longpendu ». Cet intéressant témoignage d'une époque antérieure au canal donne de précieuses indications sur l'organisation hydraulique ancienne : un château était installé sur un étang alimenté par la Dheune, un endroit où il était possible de faire tourner des moulins. Ces lieux stratégiques ont ensuite parfois été le siège d'expérimentations qu'on pourrait qualifier de proto-industrie, sans forcément connaître de suite1. En effet, la puissance hydraulique permettait un fonctionnement seulement sur trois ou quatre mois. De plus, l’état des voiries rendaient la circulation des matériaux et marchandises trop compliquée : Jobert a donc fait faillite. Le passage du canal du Centre aurait fait disparaître les hauts fourneaux de la Motte Bouchot.
Au début du 19e siècle2, le château a été reconverti pour servir de logement à des ouvriers recrutés pour travailler dans une tuilerie située de l'autre côté du canal. C'est aujourd'hui une ferme et une habitation divisée entre plusieurs propriétaires3.
Sur ce lieu stratégique, une presqu'île sur l'étang de la Motte-Bouchot, l'ancien château n'est plus réellement lisible. On accède par un passage à deux cours successives. Les écuries bordent la première au nord, l'ancien corps de logis séparait les deux. Seul le revers des anciennes écuries, parallèles à la rive droite du canal, impressionne par sa taille et son élévation, sans doute liée à l’aménagement de logements ouvriers. De l'ancien logis subsiste une tour carrée à toiture en pavillon, adossée à un bâtiment rectangulaire. Une porte sous arc en plein-cintre présente des claveaux très travaillés, à bossages et gravés de caducées et de rinceaux. Au-dessus de la porte, un grand cartouche avec l'inscription : « NON POINT A NOUS SEIGNEUR / NON A NOUS MAIS A TOY / SEUL SOIT RANDU GLOIRE ET HONEUR », surmonte un trapèze en partie martelé, qui présentait sans doute un blason avec un animal, peut-être un lion, sur fond de rinceaux. Deux bandes d'inscriptions aujourd'hui impossibles à déchiffrer l'encadrent. E. Fyot4 indique une date portée 1603 sous cette inscription.