Les archives des canaux dépassent parfois le domaine fluvial pour offrir un aperçu de l’environnement social de la voie d’eau.
Montceau-les-Mines de 1877 à aujourd’hui
Ainsi ce « rapport de l’ingénieur ordinaire » signé par Arthur Fontaine, sous l’égide de l’ingénieur en chef Chabas, portant sur la « construction de deux lavoirs de 50 et de 20 mètres de longueur sur le talus intérieur de la digue gauche du canal, à l’aval du pont tournant ».
Le projet appelé « Amélioration dans la traversée de Montceau-les-Mines », est approuvé le 16 octobre 18771. L’ingénieur demande un crédit de 9000 francs et précise que la ville et la compagnie des mines de Blanzy apporteront une subvention.
Née des mines de charbon et du canal, la ville de Montceau est officiellement fondée le 24 juin 1856. Voici comment cette évolution urbaine rapide est analysée par Arthur Fontaine.
« Le centre industriel de Montceau, qui s’est groupé le long du canal et le borde des deux côtés, sur un kilomètre environ de longueur, n’était composé, il y a 20 ans, que de quelques maisons ; et il n’était qu’un hameau, pas même une commune. Aujourd’hui, le Montceau est une ville chef-lieu de canton, comptant plus de 10 000 habitants, et son importance grandit tous les jours, par suite du développement imprimé à l’extraction de la houille par la Compagnie des Mines de Blanzy. Le port de Montceau est devenu le plus considérable du canal ; son mouvement dépasse même celui du port du Creusot. On charge et décharge au Montceau de 2 à 300 bateaux par mois.
Pendant que la ville croissait ainsi avec une rapidité prodigieuse, et en même temps s’appropriait et s’embellissait, se construisait même, depuis quelques années, plusieurs grands monuments, église, hôpital, écoles, gendarmerie, hôtel de ville, théâtre même, le canal est resté à peu de chose près dans l’état primitif où il suffisait au hameau du Montceau. Les digues en terre, foulées sans cesse par une population toujours grandissante, n’ont pu être entretenues assez ; elles se sont émiettées depuis de longues années et ont en grande partie glissé au canal, en encombrant la cuvette et gênant la navigation. […] Le talus intérieur de la digue gauche est là tout-à-fait détruit par l’effet des corrosions, et plus encore peut-être par l’effet des laveuses. Il n’est pas rare de compter jusqu’à 80 femmes lavant en même temps au canal dans cette partie et sur cette seule digue. »
Si l’état décrit n’est pas visible aujourd’hui, les images anciennes permettent de retracer cette évolution rapide. Les transformations subies par le pont mobile de Montceau illustrent 100 ans d’histoire.