Canal du Centre
La Motte sur DheuneLes églises de Saint-Bérain-sur-DheuneLa ferme du MontceauLa Motte-BouchotMontceau-les-Mines de 1877 à aujourd’huiChalon-sur-Saône

Paysages

2. Les changements paysagers apportés par le canal

Le canal du Centre au bief 29 du versant Méditerranée. A gauche, le château de Rully, à droite, l’ancien site d’écluse XXXIX.
Le canal du Centre au bief 29 du versant Méditerranée. A gauche, le château de Rully, à droite, l’ancien site d’écluse XXXIX.

Une entité à part dans le paysage

Rappelons que le canal du Centre, comme les autres, était entièrement planté d’alignements d’arbres, ce qui imprime une marque particulière à un paysage de bocage, de bois et de vignes.

Alignement de platanes rive droite, au bief 24 du versant Loire, à Paray-le-Monial.
Alignement de platanes rive droite, au bief 24 du versant Loire, à Paray-le-Monial.

La ligne d’eau crée une coupure dans la continuité du paysage vallonné comme sur les chemins, dont elle force la réorganisation.

L’église Saint-Vincent de La Loyère, rive gauche, bief 33 du versant Méditerranée à La Loyère. Le passage du canal aurait détruit une partie de la nef.
L’église Saint-Vincent de La Loyère, rive gauche, bief 33 du versant Méditerranée à La Loyère. Le passage du canal aurait détruit une partie de la nef.

Modifications du réseau hydraulique

La construction d’un canal va de pair avec une complète modification du réseau hydraulique naturel, au moment de son installation comme par la suite.

Recreusement / modification des étangs préexistants pour en faire des réservoirs.

Les plans (cadastre napoléonien et plans du linéaire) témoignent de ces changements très importants au bief de partage, mais aussi sur les sites d’installation des réservoirs totalement nouveaux, comme Montaubry, Berthaud ou Torcy-Neuf. Tous ces réservoirs ont été rehaussés et modifiés, bouleversant complètement la physionomie du paysage antérieur. Le canal, qui passait dans certains réservoirs, en a été séparé par la création d’une digue. Certains étangs ont disparu.

Modifications plus ou moins importantes apportées au cours des rivières.

La Bourbince et la Dheune, sont concernées. Les archives précisent que la Dheune a été déviée pour faire place au canal, vers l’échelle d’écluses d’Écuisses9 : cette partie de la voie d’eau aurait été creusée « dans le ruisseau » et ce dernier aurait été déplacé sur la droite. Après la construction du canal, le cours des rivières est modifié par les travaux de rectification des courbes qui touchent la totalité du linéaire. En conséquence, les documents anciens, comme les « plans du canal du Centre et de ses dépendances » en date du 1er octobre 185810, ne sont plus utilisables aujourd’hui.

Une route à la place du chemin de halage

Ciry-le-Noble (71.S.-et-L.) – Vue générale aérienne sur la Bourbince et le Canal du Centre. Vers 1950. Négatif au gélatino-bromure d’argent sur plastique. On voit très bien les réseaux parallèles : le canal du Centre longeant la Bourbince et la voie ferrée.Coll. Combier - musée Nicéphore Niépce – Chalon sur Saône -  inv. n° 1975.19. 71132.3.1
Ciry-le-Noble (71.S.-et-L.) – Vue générale aérienne sur la Bourbince et le Canal du Centre. Vers 1950. Négatif au gélatino-bromure d’argent sur plastique. On voit très bien les réseaux parallèles : le canal du Centre longeant la Bourbince et la voie ferrée.Coll. Combier - musée Nicéphore Niépce – Chalon sur Saône - inv. n° 1975.19. 71132.3.1

Le chemin de halage était certes prévu par Émiland-Marie Gauthey11, mais il a été modifié par les États de Bourgogne, entraînant une dépense supplémentaire : « au lieu de faire un simple chemin de halage, on avait ordonné que l’on ferait un grand chemin dans la plus grande longueur du canal […] »

Réalisation et développement au 19e siècle

Cette nouvelle route, création rare au 19e siècle, induit un développement des transports mais aussi un développement urbain : les maisons s’y installent.

A sa réalisation, au début du 19e siècle : « Le chemin de hallage qui, depuis le pont de Bord, servait de grand chemin, et avait 6,5 mètres de largeur, n’a plus, depuis Saint-Léger à Châlon, que 2,92 m »12.

Alors que les chemins précédents avaient tendance à s’établir soit perpendiculairement aux rivières, soit parallèlement et plutôt sur les collines, la nouvelle route suit le fond de la vallée. Des ponts deviennent nécessaires pour traverser le canal tout comme la rivière qui l’accompagne.

Le tout-route au 20e siècle

Le 20e siècle, surtout la deuxième moitié, est clairement dominé par la route. La route du canal devient dans les années 1960 route nationale 79 et va jusqu’à empiéter sur le territoire même de la voie d’eau. A Montchanin, son élargissement entraîne la complète transformation du bief de partage, avec suppression du port de Bois-Bretoux et modification du linéaire. A Chalon-sur-Saône et à Digoin, le canal est déplacé et remblayé pour laisser la place à de grands boulevards d’accès.

Aujourd’hui, si la RN 79 devenue Route Centre-Europe Atlantique (RCEA) longe toujours en partie le canal, elle s’est parfois déplacée pour avoir davantage de possibilités d’élargissement, ce qui était impossible sur un chemin de halage bordé à la fois par la voie d’eau et les constructions. Elle a délesté la route du canal d’une grande partie de la circulation et a également entraîné l’installation de ponts, à Volesvres par exemple. Le chemin de halage joue aujourd’hui un rôle de desserte des centres-villes des communes.

Les archives indiquent une prise en main des mairies qui se traduit par des autorisations d’aménagements et de voiries sur le chemin de halage. Intégré comme accès privilégié, le canal est entouré d’habitations et peu à peu inclus dans le tissu urbain. C’est le cas à Montceau-les-Mines, mais aussi à Chalon-sur-Saône, où l’ancien tracé du canal, devenu l’avenue Nicéphore Niépce, permet le développement d’un nouveau quartier, facilitant l’extension du centre-ville.

Afficher / Masquer toutes les notes
Retour au texte 1 GAUTHEY Emiland-Marie, Mémoires sur les canaux de navigation et particulièrement sur le canal du Centre, publiés par Navier, Paris : Editions Firmin-Didot, 1816, « Troisième mémoire, sur le commerce du canal du Charollais », octobre 1778, p. 116-117.
Retour au texte 2 DUTENS Joseph-Marie, Navigation intérieure, t. 1, p. 210.
Retour au texte 3 LAGROST Louis, Du château ducal de Montcenis à la « seigneurie du Creusot » (XIIe-XVIIIe siècle), Montceau-les-Mines, 2009.  
Retour au texte 4  « Délibération portant que le projet de navigation de l’Arroux depuis Toulon jusqu’à la Motte-Saint-Jean dont le privilège a été accordé au marquis de Maubourg mérite d’être favorisé par l’utilité et par l’importance de l’objet […] », Archives départementales de la Côte-d’Or, C 4459, Arroux, 3/12/ 1730.  
Retour au texte 5 « Le commerce des poissons du Charollais était autrefois beaucoup plus considérable qu’à présent, parce que depuis plusieurs années on a détruit beaucoup d’étangs pour en former des prés. » Gauthey, op. cit.
Retour au texte 6 GAUTHEY, op. cit.
Retour au texte 7 Archives départementales de la Côte-d’Or, C 4460, Dheune, 11/12/1759. Ce flottage, concurrençant celui du comte de Clermont-Montoison, semble avoir tourné court.  
Retour au texte 8 Pour plus d’information sur les mines de Montcenis : http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/camt/fr/egf/donnees_efg/92_AQ/92_AQ_FICHE.html, pages consultées le 9 avril 2015.
Retour au texte 9 GAUTHEY Emiland-Marie, op.cit., Appendice, p. 379.
Retour au texte 10 « Communes de Vitry, Vigny et Saint-Léger-lès-Paray, extrait des minutes cadastrales levées en 1832 ». Plans conservés chez VNF-Direction Centre-Bourgogne, subdivision de Montceau-les-Mines.  
Retour au texte 11 GAUTHEY Emiland-Marie, Mémoires sur les canaux de navigation et particulièrement sur le canal du Centre, publiés par Navier, Paris : Editions Firmin-Didot, 1816, p. 360.
Retour au texte 12 GAUTHEY Emiland-Marie, Mémoires sur les canaux de navigation et particulièrement sur le canal du Centre, publiés par Navier, Paris : Editions Firmin-Didot, 1816, Appendice, p. 386.
Retour au texte 13 Conservés aux Archives départementales de Saône-et-Loire. L’exemple de Montceau-les-Mines est le plus frappant.