Activités
Bien avant la construction du canal, le flottage est l’activité principale de certaines communes, par exemple vers Clamecy : « en 1704, […] nous nous apercevons qu’une bonne partie (si ce n’est tous) des hommes de Pousseaux étaient flotteurs. »4 Le flottage du bois sur l’Yonne, depuis le Morvan jusqu’à Paris, est mis au point dès le 16e siècle. Il atteint son apogée entre 1785 et 18165. Il s’effectuait en deux opérations successives : flottage à bûches perdues en amont de Clamecy, et flottage en train, en aval, jusqu’à la capitale. Le canal du Nivernais est avant tout prévu pour le bois, et toutes les infrastructures sont conçues dans cet objectif. Une partie doit voyager par flottage, une autre est empilée dans les bateaux. Il faut noter que des embarcations sont mises au point spécialement pour ce canal : « D’après l’expérience faite par le sieur Hageau, sur l’un des bateaux déjà construits, lesquels doivent servir de modèle pour ceux à construire pour la navigation du canal […] »6. Leur capacité est précisée : ils portent 30 cordes soit un poids de 45 tonneaux7. 1334 bateaux sont attendus.
Un très grand lieu de stockage est prévu à Baye « […] port devant contenir les 40 000 cordes de bois […] »8. La médiocrité des routes départementales encouragent au 19e siècle la construction des canaux : canal latéral à la Loire et Nivernais. L’ingénieur Mossé précise la situation au début du 19e siècle : « les seules richesses du pays traversé par le canal du Nivernais, surtout dans la partie élevée de ce canal, sont en forêts et en bestiaux. Tous les grands établissements industriels de la Nièvre se trouvent à proximité de la Loire et de son canal latéral […]. Le canal du Nivernais sera donc presque entièrement réduit à la destination qu’on avait voulu lui donner, lorsqu’on commença l’exécution en 1784, c'est-à-dire un transport des bois de forêt du Bazois, et ces bois ne le parcourant que sur la longueur qu’on avait, à cette époque, projeté de lui donner ; car une fois parvenus à l’extrémité de la vallée des Breuilles, il sera plus avantageux de les faire flotter à bûche perdue sur l’Yonne, comme les bois qui viennent du Morvan, que de les laisser suivre le cours du canal […] »9. Ce dernier est cependant mis en place à une époque où le trafic du bois diminue. Le flottage n’était d’ailleurs pas sans causer un certain nombre de problèmes pour la navigation sur le canal, notamment au niveau des barrages et des râcles. Il disparaît peu à peu dans les années 1870, au profit du bois empilé dans les bateaux, lui-même en régression à partir de 1900.
Aujourd’hui, à part quelques pertuis situés sur l’Yonne autour de Clamecy, il ne reste aucune trace architecturale de cette activité si présente sur les rivières adjacentes comme sur le canal au milieu du 19e siècle. L’usine désaffectée du moulin de Crain, signalée par une cheminée en brique, rappelle qu’une industrie sur les produits chimiques dérivés du bois existait ici, dans les années 1930. Une scierie contemporaine, à Dirol, atteste encore de la vitalité de cette filière.