Alimentation en eau
Le canal du Nivernais est alimenté par neuf rigoles : deux d’entre elles sont issues des étangs du bief de partage, Baye et Vaux, une est dérivée de l’Yonne et les autres proviennent de prises d’eau effectuées dans des cours d’eau adjacents.
Les prises d’eau dans le ruisseau de la Collancelle
Dès 1784, il était prévu de convertir le ruisseau de la Collancelle en rigole de flottage pour transporter les flots de bûches perdues. Mais, à partir de 1824, les travaux pour l'établissement d'un canal de navigation dans la vallée des Breuilles, où coule la Collancelle, sont approuvés par le Conseil général des Ponts et Chaussées. Le ruisseau est alors aménagé pour alimenter le bief de partage, en amont du pont des Breuilles. Il reprend son cours en aval du site d'écluse 05 du versant Seine. Il alimente de nouveau le canal au moyen de prise d'eau en aval du site d'écluse 09 et du site d'écluse 11.
La prise d’eau de La Chaise
Les travaux à exécuter « pour la construction du bassin de La Chaise sur les eaux du Nivernais » sont adjugés en 1834. Ils sont répartis en trois lots : « 1er lot : Porte de garde avec pont-levis, passerelles avec barrages à poutrelles et maison de surveillance [...] ; 2e lot : Gauthiers et déversoirs aux abords des ponts et bassins [...] ; 3e lot : Terrassements pour fouilles du bassin de la Chaise et des nouveaux lits de l'Yonne [...] »9. Les passerelles situées sur le barrage et sur la prise d'eau ont été restaurées en 186010. Le barrage de prise d'eau porte la date 1866. Sur le pont surmontant le déversoir de fond est gravée la date 1867.
Cette prise d’eau se situe sur la rive droite du canal, un peu en amont du site d'écluse 24 du versant Seine. La rigole issue de cette prise d’eau alimente le canal en aval du port de la Chaise.
- un barrage de prise d'eau sur l'Yonne : l'ouvrage se compose de cinq arches en brique reposant sur des piles en pierre. L'arche centrale surplombe quatre vannes de prise d'eau.
- un barrage à aiguilles sur l'Yonne situé à proximité du barrage de prise d'eau : il se compose de deux arches en brique recouvertes de ciment reposant sur des piles en maçonnerie et des aiguilles en bois
- une écluse de garde surmontée d'un pont en pierre, située en aval de la rigole de prise d'eau et sur la rive droite du canal
- un déversoir de fond situé un peu en amont de l'écluse de garde : il se compose de trois vannes en métal et est surmonté d'un pont en maçonnerie
© A. Morelière, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2014.
La rigole d’Yonne
Dans un rapport du 10 avril 1828, l'ingénieur en chef du canal, Charles Poirée, insiste sur la nécessité de dériver une rigole de l'Yonne afin d'alimenter le bief de partage : il réunissait en effet un certain nombre de difficultés d'alimentation.
« Les calculs qui ont été précédemment exposés amènent à cette conséquence, que les eaux des réservoirs dont on peut actuellement disposer suffiront à peine à la navigation ; car si on suppose celle-ci florissante on peut raisonnablement compter sur 25 passages par jour au moins pendant 300 jours […], et nous avons vu qu'il ne tombait annuellement sur ce bief que la quantité de 9 331 200 mètres cubes d'eau ; de sorte que le canal du Nivernais aurait à peine dans les années pluvieuses la quantité nécessaire et serait exposé à un chômage plus ou moins long dans les années de sécheresse. Il est donc absolument indispensable de suppléer à ce que ne peuvent fournir les étangs en créant au canal de nouvelles ressources, et rien n'est plus facile, car en dérivant une rigole de la rivière d'Yonne on peut aisément subvenir à tous les besoins »11. Cette dernière « commencerait au moulin de Chassis et aboutirait au Port-Brûlé »12. Les travaux de la rigole commencent en 1840 et se terminent en 1843. Les ouvrages les plus importants sont adjugés le 30 décembre 183913. L'emplacement de la prise d'eau dans l'Yonne est fixé au pont de Pannecière, « point où les eaux ordinaires de la rivière se trouvent à 12 mètres 60 au-dessus de l'étiage du bief de partage »14.
Le niveau de la rivière est par ailleurs relevé par un barrage à aiguilles. Dans un dessin non-daté, conservé aux Archives départementales de la Nièvre15, la prise d'eau de la rigole d'Yonne est représentée avant sa transformation due à l'installation du barrage de Pannecière au milieu du 20e siècle : un barrage à aiguilles était installé sur le cours de l'Yonne. La prise d'eau s'effectuait au moyen de trois vannes. Une maison était par ailleurs prévue pour le garde de la prise d'eau. Ce système fut en vigueur jusqu'à la construction du barrage de Pannecière en 1949 et est en partie visible aujourd’hui au niveau du pont du même nom. En 1865, toutes les charpentes des ponceaux de la rigole sont remplacées par des voûtes en maçonnerie16.
Cette rigole d'alimentation mesure 28 kilomètres de long. Aujourd’hui, sa prise d'eau est installée à l'aval du bassin de compensation du barrage de Pannecière. Une maison de garde est située à proximité. La rigole débouche dans le bief de partage un peu en amont du site 01 du versant Seine. Son cours est ponctué de nombreux ouvrages parmi lesquels les ponts-aqueducs de Marigny, d’Oussy et de Montreuillon, sur la commune de Montreuillon, et des petits ponts permettant des dessertes locales, des aqueducs et des déversoirs.
Le pont-aqueduc de Montreuillon permet à la rigole de traverser la vallée de l'Yonne. Construit en pierre de taille, cet ouvrage monumental culmine à 33 mètres de hauteur, mesure 152 mètres de long et se compose de 13 arches en plein cintre17.