Canal du Nivernais
L’écluse de Cravant ou le romantisme de l’abandonL’échelle d’écluses de SardyLa forge du site d’écluse 06 du versant SeineLes maisons du bief de partage du canal du NivernaisLes maisons éclusières du Batardeau à Auxerre, bief 81 du versant YonneDes ponts de desserte locale, les exemples des ponts du moulin de Cray et du château de RocheLe port de La Copine à Champvert

Alimentation en eau

2. Les prises d’eau et rigoles d’alimentation du canal

Le canal du Nivernais est alimenté par neuf rigoles : deux d’entre elles sont issues des étangs du bief de partage, Baye et Vaux, une est dérivée de l’Yonne et les autres proviennent de prises d’eau effectuées dans des cours d’eau adjacents.

La rigole de Vaux longeant l’étang de Vaux, sur la droite. Au fond, le port des Poujeats. Bief de partage à La Collancelle.
La rigole de Vaux longeant l’étang de Vaux, sur la droite. Au fond, le port des Poujeats. Bief de partage à La Collancelle.

Les prises d’eau dans le ruisseau de la Collancelle

Dès 1784, il était prévu de convertir le ruisseau de la Collancelle en rigole de flottage pour transporter les flots de bûches perdues. Mais, à partir de 1824, les travaux pour l'établissement d'un canal de navigation dans la vallée des Breuilles, où coule la Collancelle, sont approuvés par le Conseil général des Ponts et Chaussées. Le ruisseau est alors aménagé pour alimenter le bief de partage, en amont du pont des Breuilles. Il reprend son cours en aval du site d'écluse 05 du versant Seine. Il alimente de nouveau le canal au moyen de prise d'eau en aval du site d'écluse 09 et du site d'écluse 11.

Le pont des Breuilles franchissant le bief de partage à La Collancelle.
Le pont des Breuilles franchissant le bief de partage à La Collancelle.

La prise d’eau de La Chaise

Les travaux à exécuter « pour la construction du bassin de La Chaise sur les eaux du Nivernais » sont adjugés en 1834. Ils sont répartis en trois lots : « 1er lot : Porte de garde avec pont-levis, passerelles avec barrages à poutrelles et maison de surveillance [...] ; 2e lot : Gauthiers et déversoirs aux abords des ponts et bassins [...] ; 3e lot : Terrassements pour fouilles du bassin de la Chaise et des nouveaux lits de l'Yonne [...] »9. Les passerelles situées sur le barrage et sur la prise d'eau ont été restaurées en 186010. Le barrage de prise d'eau porte la date 1866. Sur le pont surmontant le déversoir de fond est gravée la date 1867.

Cette prise d’eau se situe sur la rive droite du canal, un peu en amont du site d'écluse 24 du versant Seine. La rigole issue de cette prise d’eau alimente le canal en aval du port de la Chaise.

Schéma de la prise d’eau de La Chaise.
© A. Morelière, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2014.

La rigole d’Yonne

Profils et plan général. « Dessin de la prise d'eau à établir au pont de Pannetière » signé Charié et daté du 28 octobre 1839. Archives départementales de la Nièvre, 60 J 4.
Profils et plan général. « Dessin de la prise d'eau à établir au pont de Pannetière » signé Charié et daté du 28 octobre 1839. Archives départementales de la Nièvre, 60 J 4.
La rigole d’Yonne et l’aqueduc d’Oussy en arrière-plan, à Montreuillon.
La rigole d’Yonne et l’aqueduc d’Oussy en arrière-plan, à Montreuillon.

Dans un rapport du 10 avril 1828, l'ingénieur en chef du canal, Charles Poirée, insiste sur la nécessité de dériver une rigole de l'Yonne afin d'alimenter le bief de partage : il réunissait en effet un certain nombre de difficultés d'alimentation.

« Les calculs qui ont été précédemment exposés amènent à cette conséquence, que les eaux des réservoirs dont on peut actuellement disposer suffiront à peine à la navigation ; car si on suppose celle-ci florissante on peut raisonnablement compter sur 25 passages par jour au moins pendant 300 jours […], et nous avons vu qu'il ne tombait annuellement sur ce bief que la quantité de 9 331 200 mètres cubes d'eau ; de sorte que le canal du Nivernais aurait à peine dans les années pluvieuses la quantité nécessaire et serait exposé à un chômage plus ou moins long dans les années de sécheresse. Il est donc absolument indispensable de suppléer à ce que ne peuvent fournir les étangs en créant au canal de nouvelles ressources, et rien n'est plus facile, car en dérivant une rigole de la rivière d'Yonne on peut aisément subvenir à tous les besoins »11. Cette dernière « commencerait au moulin de Chassis et aboutirait au Port-Brûlé »12. Les travaux de la rigole commencent en 1840 et se terminent en 1843. Les ouvrages les plus importants sont adjugés le 30 décembre 183913. L'emplacement de la prise d'eau dans l'Yonne est fixé au pont de Pannecière, « point où les eaux ordinaires de la rivière se trouvent à 12 mètres 60 au-dessus de l'étiage du bief de partage »14.

« Dessin des ouvrages à construire pour l'établissement de la prise d'eau de la rigole d'Yonne ». Archives départementales de la Nièvre, 60 J 4.
« Dessin des ouvrages à construire pour l'établissement de la prise d'eau de la rigole d'Yonne ». Archives départementales de la Nièvre, 60 J 4.
Vue du bassin de compensation de Pannecière avec au premier plan l'ancienne prise d'eau de la rigole d'Yonne et au fond, le barrage avec la nouvelle prise d'eau, au lieu-dit Pont de Pannecière à Mhère.
Vue du bassin de compensation de Pannecière avec au premier plan l'ancienne prise d'eau de la rigole d'Yonne et au fond, le barrage avec la nouvelle prise d'eau, au lieu-dit Pont de Pannecière à Mhère.

Le niveau de la rivière est par ailleurs relevé par un barrage à aiguilles. Dans un dessin non-daté, conservé aux Archives départementales de la Nièvre15, la prise d'eau de la rigole d'Yonne est représentée avant sa transformation due à l'installation du barrage de Pannecière au milieu du 20e siècle : un barrage à aiguilles était installé sur le cours de l'Yonne. La prise d'eau s'effectuait au moyen de trois vannes. Une maison était par ailleurs prévue pour le garde de la prise d'eau. Ce système fut en vigueur jusqu'à la construction du barrage de Pannecière en 1949 et est en partie visible aujourd’hui au niveau du pont du même nom. En 1865, toutes les charpentes des ponceaux de la rigole sont remplacées par des voûtes en maçonnerie16.

Schéma de la prise d’eau de la rigole d’Yonne en aval du bassin de compensation de Pannecière.
Schéma de la prise d’eau de la rigole d’Yonne en aval du bassin de compensation de Pannecière.

Cette rigole d'alimentation mesure 28 kilomètres de long. Aujourd’hui, sa prise d'eau est installée à l'aval du bassin de compensation du barrage de Pannecière. Une maison de garde est située à proximité. La rigole débouche dans le bief de partage un peu en amont du site 01 du versant Seine. Son cours est ponctué de nombreux ouvrages parmi lesquels les ponts-aqueducs de Marigny, d’Oussy et de Montreuillon, sur la commune de Montreuillon, et des petits ponts permettant des dessertes locales, des aqueducs et des déversoirs. 

« Dessin du pont-aqueduc en béton de granit et ciment romain à construire sur le vallon de Marigny » pour faire passer la rigole d’Yonne à Montreuillon, au lieu-dit Marigny. Archives départementales de la Nièvre, 60 J 4.
« Dessin du pont-aqueduc en béton de granit et ciment romain à construire sur le vallon de Marigny » pour faire passer la rigole d’Yonne à Montreuillon, au lieu-dit Marigny. Archives départementales de la Nièvre, 60 J 4.

Le pont-aqueduc de Montreuillon permet à la rigole de traverser la vallée de l'Yonne. Construit en pierre de taille, cet ouvrage monumental culmine à 33 mètres de hauteur, mesure 152 mètres de long et se compose de 13 arches en plein cintre17.

La pont-aqueduc de Montreuillon et ses 13 arches en plein cintre.
La pont-aqueduc de Montreuillon et ses 13 arches en plein cintre.
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Retour au texte 1 Description du canal du Nivernais tel qu’il a été projeté pour la navigation du Bois, suivie d’un projet économique pour son extension tendant à le faire servir au commerce en général, Archives départementales de la Nièvre, 1 J 106.
Retour au texte 2 Archives nationales, F 14 6984.
Retour au texte 3 Ibid.
Retour au texte 4 Archives départementales de la Nièvre, S 4426-4446.
Retour au texte 5 Archives nationales, F14 6989.
Retour au texte 6 Archives nationales, F14 6985.
Retour au texte 7 LANGLOIS Gilles-Antoine, Pannecière, Paris : Somogy, 2003.
Retour au texte 8 La Rigole n°49, 2011.
Retour au texte 9 Archives nationales, F14 6984.
Retour au texte 10 Archives nationales, F14 6987.
Retour au texte 11 Archives nationales, F14 6985.
Retour au texte 12 Ibid.
Retour au texte 13 Ibid.
Retour au texte 14 CHARIE-MARSAINES, « Mémoire sur les travaux de la rigole dérivée de l'Yonne pour l'alimentation du point de partage du canal du Nivernais », Annales des Ponts et Chaussées, Tome I, 1851.
Retour au texte 15 Archives départementales de la Nièvre, 60 J 4.
Retour au texte 16 Archives nationales, F14 6987.
Retour au texte 17 VOYOT Jean-Marc, « La rigole d'Yonne, Elément essentiel de l'alimentation en eau du canal du Nivernais », La Rigole n°48, 2011.
Retour au texte 18 LE SUEUR Bernard, « Le barrage mobile ou la rivière oubliée », in Le patrimoine maritime et fluvial, Actes du colloque Estuaire 92 de la Direction du Patrimoine, Nantes, avril 1992.
Retour au texte 19 BOUCHER DE LA RUPELLE (ingénieur en chef des Ponts et Chaussées), « Notice sur le pertuis de Bélombre, canal du Nivernais », Annales des Ponts et Chaussées, Mémoires des documents relatifs à l’art des constructions et au service de l’ingénieur, Paris : Carilian-Goeury 1836, tome 12, série 1, volume 2, p. 196.
Retour au texte 20 Pour davantage d’informations sur ce barrage, les travaux de recherche ont été menés par Valérie Mauret-Cribellier dans le cadre de son inventaire des canaux du Centre, et plus précisément du canal latéral à la Loire : page : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr, consultée le 6 janvier 2015, référence IA58000605.