Canal du Nivernais
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Alimentation en eau

1. Les réservoirs du canal du Nivernais

Vue panoramique des réservoirs de Baye et de Vaux depuis la digue les séparant.
© T. Kuntz, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2013.

Pour compléter les réservoirs composés d’étangs au point de partage, comme sur le canal du Centre, le canal du Nivernais a été doté au fil de son histoire d’ouvrages nouveaux, dont le plus impressionnant est le réservoir de Pannecière.
Un rapport rédigé par l’ingénieur Hageau en 17901, nous apprend que les étangs d’Aron avaient été choisis à l’origine pour l’alimentation du bief de partage. Leurs capacités de stockage s’avérant réduites, l’ingénieur Ménassier « préféra déplacer ce point de partage aux étangs de Vaux et de Baye, dont le trop plein se verse dans le ruisseau de Baye, lequel se jette dans la rivière d’Aron au village de Mingot ».
Les quatre réservoirs du bief de partage, Baye, Vaux, Gouffier et Neuf, sont tous aménagés à partir d’étangs naturels, à la différence de la plupart des barrages-réservoirs du canal de Bourgogne par exemple, issus de cours d’eau. Celui de Pannecière, de construction beaucoup plus tardive, est placé sur le cours de l’Yonne avec comme objectif principal la régulation de la rivière et comme objectif secondaire, l’alimentation du canal.

Le réservoir de Baye

Ce réservoir a pour origine un étang naturel. Son projet d'achèvement est approuvé par le directeur général des Ponts et Chaussées en 1837. Il consiste « à faire communiquer l'étang de Baye au bief de partage par une écluse ». Une augmentation des dépenses est cependant demandée en 18422. Situé au niveau du bief de partage, il se compose d’une digue en maçonnerie séparant l'étang du canal, d’une porte de garde permettant aux bateaux de passer de l'un à l'autre, de deux vannes de prise d'eau pour la rigole alimentant le bief 02 du versant Loire et d’un déversoir de superficie.

L’étang de Baye depuis la digue.
L’étang de Baye depuis la digue.

Le réservoir de Vaux

Le réservoir de Vaux est lui aussi aménagé sur un étang naturel. Son projet d'achèvement est approuvé par le directeur général des Ponts et Chaussées en 1837. Il consiste « à ouvrir une rigole pour amener les eaux de l'Étang de Vaux dans le bief de partage, et enfin à donner à la partie inférieure de cette rigole un profil assez grand pour que les bateaux puissent y entrer et en prendre les bois déposés sur les plates-formes pratiquées à droite et à gauche »3. Les travaux sont adjugés le 25 mars 1837 ; ils comprennent la construction d'un déversoir, d'un pont sur la rigole de prise d'eau, d'une bonde de fond pour l'étang et les réparations de l'aqueduc de prise d'eau4. Comme pour le réservoir de Baye, une augmentation des dépenses est demandée en 1842. Les travaux d'une rigole alimentant l'étang, appelée rigole de l'Aron, sont déclarés d'utilité publique en 1868 et complètement terminés en 18815.

A gauche, l’étang de Vaux.
A gauche, l’étang de Vaux.

Aujourd’hui, ce réservoir est séparé de celui de Baye par une digue en maçonnerie composée d’un déversoir de superficie à droite, d’une vanne de décharge de fond au centre et de deux vannes de prise d'eau pour la rigole de Vaux. Cette dernière se jette dans le canal au niveau du port des Poujeats. Le réservoir est naturellement rempli grâce à des cours d'eau, mais aussi à la rigole de l'Aron : mesurant près de 24 kilomètres, elle débouche dans l'étang à gauche de la digue.

La rigole de Vaux au niveau du port des Poujeats, bief de partage à La Collancelle.
La rigole de Vaux au niveau du port des Poujeats, bief de partage à La Collancelle.

Les réservoirs des étangs Neuf et de Gouffier

Les travaux à exécuter pour convertir ces étangs naturels en réservoirs alimentaires du canal du Nivernais sont adjugés au sieur Pauly en 18496. Ils sont placés sur le cours de la Collancelle alimentant le canal bien en aval. L'étang Gouffier présente ainsi une digue en maçonnerie et une vanne de prise d'eau permettant de réguler le débit du cours d’eau. Des bassins piscicoles sont aménagés en aval de cette prise d'eau.

Le réservoir de Pannecière

Le barrage et le réservoir de Pannecière sont construits entre 1937 et 1949, le chantier ayant été interrompu pendant la Seconde Guerre mondiale. Le but était de protéger la ville de Paris des inondations causées par la Seine, en contrôlant son principal affluent, l'Yonne. Le lac fait donc partie des grands lacs de Seine. La mise en eau du réservoir nécessite l’engloutissement de deux hameaux. Un ensemble d'habitations est par ailleurs prévu à proximité pour loger les ouvriers du chantier. Une usine hydroélectrique gérée par EDF est mise en place en 1950 pour profiter de la chute d'eau du barrage7. Entre octobre 2011 et mars 2012, le réservoir fit l’objet d’une vidange totale afin d'effectuer un certain nombre de travaux de consolidation et de modernisation : des traces de végétation et d'anciens chemins étaient alors visibles8.

Vue panoramique du réservoir de Pannecière et du barrage, à Chaumard. A droite, on aperçoit le bassin de compensation ou contre-réservoir.
Vue panoramique du réservoir de Pannecière et du barrage, à Chaumard. A droite, on aperçoit le bassin de compensation ou contre-réservoir.

Ce barrage-réservoir se situe à la confluence de l'Yonne et de la Houssière. Sa superficie est de 520 hectares. Le plan d'eau s'étire sur 7,5 kilomètres. Le barrage en lui-même est de type "multi-voûtes" : construit en béton, il mesure 49 mètres de haut et 352 mètres de long. Un bassin de compensation, situé en aval du barrage, permet de réguler les restitutions dans l'Yonne mais aussi dans la rigole alimentant le canal du Nivernais. Les bureaux des ingénieurs se situent un peu en aval du barrage, sur la gauche, non loin de l'ancienne cité ouvrière dont les maisons individuelles sont intégrées à un parc paysager. Ces dernières, comme les bureaux des ingénieurs, sont construites en moellon d'appareil polygonal et couverts d'ardoise.

Le barrage multi-voûtes de Pannecière, à Chaumard.
Le barrage multi-voûtes de Pannecière, à Chaumard.
Le barrage-réservoir de Pannecière, à Chaumard. Au premier-plan, le barrage multi-voûtes.
Le barrage-réservoir de Pannecière, à Chaumard. Au premier-plan, le barrage multi-voûtes.
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Retour au texte 1 Description du canal du Nivernais tel qu’il a été projeté pour la navigation du Bois, suivie d’un projet économique pour son extension tendant à le faire servir au commerce en général, Archives départementales de la Nièvre, 1 J 106.
Retour au texte 2 Archives nationales, F 14 6984.
Retour au texte 3 Ibid.
Retour au texte 4 Archives départementales de la Nièvre, S 4426-4446.
Retour au texte 5 Archives nationales, F14 6989.
Retour au texte 6 Archives nationales, F14 6985.
Retour au texte 7 LANGLOIS Gilles-Antoine, Pannecière, Paris : Somogy, 2003.
Retour au texte 8 La Rigole n°49, 2011.
Retour au texte 9 Archives nationales, F14 6984.
Retour au texte 10 Archives nationales, F14 6987.
Retour au texte 11 Archives nationales, F14 6985.
Retour au texte 12 Ibid.
Retour au texte 13 Ibid.
Retour au texte 14 CHARIE-MARSAINES, « Mémoire sur les travaux de la rigole dérivée de l'Yonne pour l'alimentation du point de partage du canal du Nivernais », Annales des Ponts et Chaussées, Tome I, 1851.
Retour au texte 15 Archives départementales de la Nièvre, 60 J 4.
Retour au texte 16 Archives nationales, F14 6987.
Retour au texte 17 VOYOT Jean-Marc, « La rigole d'Yonne, Elément essentiel de l'alimentation en eau du canal du Nivernais », La Rigole n°48, 2011.
Retour au texte 18 LE SUEUR Bernard, « Le barrage mobile ou la rivière oubliée », in Le patrimoine maritime et fluvial, Actes du colloque Estuaire 92 de la Direction du Patrimoine, Nantes, avril 1992.
Retour au texte 19 BOUCHER DE LA RUPELLE (ingénieur en chef des Ponts et Chaussées), « Notice sur le pertuis de Bélombre, canal du Nivernais », Annales des Ponts et Chaussées, Mémoires des documents relatifs à l’art des constructions et au service de l’ingénieur, Paris : Carilian-Goeury 1836, tome 12, série 1, volume 2, p. 196.
Retour au texte 20 Pour davantage d’informations sur ce barrage, les travaux de recherche ont été menés par Valérie Mauret-Cribellier dans le cadre de son inventaire des canaux du Centre, et plus précisément du canal latéral à la Loire : page : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr, consultée le 6 janvier 2015, référence IA58000605.