A partir de Cravant, des milliers de stères étaient conduites par flottage sur la Cure jusqu'à sa confluence avec l'Yonne. Au cours du 19e siècle, des voix se font entendre pour rendre ce cours d'eau navigable. Avec la baisse de la consommation du bois de flottage, le port de Vermenton avait besoin d'un débouché commercial dans l'Yonne.
La construction de l’embranchement de Vermenton
Dans un rapport de 1873, on peut lire : « le canal de dérivation […] figure au nombre des améliorations les plus vivement sollicitées par le commerce ; ce canal sera très utile pour le transport du bois et lui sera même indispensable dès que la navigabilité continue aura été rétablie jusqu'à l'Yonne en amont d'Auxerre jusqu'à Clamecy »1. Reconnus d'utilité publique par décret du 17 janvier 1876, les travaux de ce nouvel embranchement avec le canal du Nivernais, appelé « embranchement de Vermenton » ou « canal d’Accolay », débutent en 1878 et se terminent en 1883.
L’avant-projet2 est riche en informations sur les ouvrages projetés sur cette nouvelle voie d’eau et finalement adjugés en 1878. Ainsi, étaient prévues les constructions de deux écluses avec une chute de 1,10 mètre, de deux ponts sur écluse, d’un pont pour desservir le moulin Jacquot, et d’une "porte de garde avec pont par-dessus". Une "digue insubmersible de 3 mètres de largeur en couronne, qui devait mettre le canal à l'abri des grandes crues de la Cure, surtout au passage difficile sous l'arche de gauche du pont d'Accolay" était envisagée. Par ailleurs, « ce pont, de 4 arches, devait, par compensation, recevoir, une nouvelle arche sur la rive droite, de façon à ne pas modifier son débouché actuel ». En 1889, un barrage à fermettes remplace un pertuis sur la Cure, à Vermenton3.
L’embranchement de Vermenton est aujourd’hui un canal de dérivation prenant sa source dans la Cure, au niveau de Vermenton, et rejoignant l'Yonne et le canal du Nivernais, au niveau de Sainte-Pallaye. Sur quatre kilomètres se succèdent un barrage de prise d’eau, deux sites d'écluse et de nombreux ponts. Un barrage à vérins hydrauliques sur la Cure est ainsi à l'origine de cette dérivation appelée aussi canal d'Accolay. Il est surmonté d'une passerelle métallique. En amont, sur la rive gauche, une maison de barragiste porte l'indication suivante : « Garde du canal ». Les deux maisons éclusières présentent quant à elles les mêmes caractéristiques architecturales. Enfin, les ponts, qu’ils soient isolés ou sur écluse, sont dotés de culées construites en moellon d'appareil polygonal, d'une voûte en anse de panier en pierre de taille et de garde-corps en métal.