Maisons
Maison de type Hageau, la plus ancienne
Ce modèle a été conçu dans les années 1790 par Amable Hageau, alors ingénieur en chef du canal. Il se rapproche de celui des maisons éclusières construites sur les canaux du Loing et de Briare quelques décennies auparavant. Quatre maisons Hageau ont été recensées entre les biefs 02 et 10 du versant Loire.
- plan rectangulaire
- toiture à longs pans
- mur gouttereau parallèle au sas de l'écluse
- baies du rez-de-chaussée rectangulaires : une porte encadrée par deux fenêtres
- annexes latérales sous appentis
© A. Morelière, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2014.
Maison de type « échelle d’écluses de Sardy », un plan en T caractéristique
Les maisons relevant de cette typologie ont été construites entre 1825 et 1826. Les sept exemplaires recensés sont tous situés au niveau de l’échelle d’écluses de Sardy, plus précisément entre les biefs 06 et 16 du versant Seine.
- toiture à plusieurs versants
- rez-de-chaussée et étage de surcroît
- baies rectangulaires couvertes de linteau
- baies en plein-cintre au niveau de la partie supérieure des pignons
- chaînes d’angle et encadrements de baies en pierre
© A. Morelière, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2014.
Un document non daté et non signé, présentant le plan, les coupes et les élévations de cette maison, est conservé aux Archives départementales de la Nièvre2 : l’entrée était prévue par une porte dans l’aile gauche. Elle permettait d’accéder à la grande pièce de vie située au centre appelée « cuisine en chambre à coucher [sic] ». Un cabinet était prévu derrière l’entrée. Dans l’aile droite se trouvait l’« étable en bûcher ».
Maison de type « Orgues », un modèle facilement reconnaissable
Deux maisons « Orgues » ont été construites en 1826 sur le canal du Nivernais. On les retrouve aujourd’hui aux sites d’écluse d’Orgues, biefs 11 et 12 du versant Loire.
La ressemblance est frappante avec le modèle construit par l’ingénieur Mercadier sur le canal du Centre, voire avec celui de Louis-Joseph Etienne Cordier, proposé en 1829, pour le canal latéral à la Marne3.
- corps central couvert d’une toiture à deux pans
- corps central : rez-de-chaussée et un étage carré, superposition de deux baies rectangulaires
- deux ailes légèrement en retrait couvertes d’un appentis : ouvertures rectangulaires et semi-circulaires superposées
© A. Morelière, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2014.
Maison de type « Basseville », une croupe bien singulière
Un document d’archive nous apprend que cette maison « a été bâtie la première du canal et très économiquement sous tous les rapports, on a employé plusieurs matériaux provenant de la démolition de quelques bâtiments que l’on a abattu à Clamecy […] »4.
Les deux maisons recensées sur le canal, aux biefs 49 et 50 du versant Seine, au lieu-dit Basseville, portent cependant la date de 1827.
- plan rectangulaire
- toiture à croupe
- deux fenêtres encadrant une porte centrale, surmontée d’une lucarne en chien assis
© A. Morelière, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2014.
Maison de type Poirée, la plus répandue
Ces maisons ont été construites d'après le modèle que l'ingénieur Charles Poirée, nommé ingénieur en chef du canal du Nivernais à partir de 1826, dresse pour le canal de Bourgogne en 1822. Il reprenait alors un projet conçu à la fin du 18e siècle par Émiland-Marie Gauthey et dont les plans sont conservés aux Archives départementales de la Côte-d’Or.
Sur le canal du Nivernais, les maisons de type Poirée ont toutes été construites entre 1830 et 1837, en même temps que les maisons de type Chanoine. Un état des ouvrages effectués sur le canal du Nivernais5 en 1835 nous signale que l’adoption d’une maison de type Poirée est « résolue pour tous les cas où le canal se trouve en remblais ». Dans le cas contraire, le modèle Chanoine est préféré.
43 maisons de ce type se répartissent assez également sur les deux versants du canal.
- plan rectangulaire perpendiculaire au sas
- toiture à longs pans
- cave, d’un rez-de-chaussée et étage en surcroît
- mur pignon côté sas, avec la porte d'entrée surmontée d'une fenêtre en plein-cintre
- des petites fenêtres rectangulaires sont ménagées dans les murs gouttereaux
© A. Morelière, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2014.
Un devis des ouvrages à exécuter pour la construction de la maison éclusière de Toussat6 (bief 77 du versant Seine) nous livre une description précise de la maison de type « Poirée ». La maison possédait deux pièces au rez-de-chaussée : une chambre et un cabinet à l’arrière. Du cabinet, on pouvait accéder au grenier par une « échelle de meunier ». La chambre, pièce de vie de la maison, abritait la cheminée. Un four devait être ménagé entre deux murs de refend derrière la cheminée. Les deux pièces du rez-de-chaussée et le grenier étaient pavés de carreaux de terre cuite de 16 cm ; l’écurie l’était « en cailloux ». Les planchers devaient être badigeonnés à deux ou trois couches de couleur « Petit gris » à la colle, toutes les menuiseries peintes en couleur « olive à trois couches », ou en « petit jaune (huile à trois couches) » et les ferrures en noir. Tous les murs en moellon devaient être recouverts « d’un enduit avec mortier de chaux et sable ». A chaque encoignure du bâtiment, des chaînes de pierre s’élevaient du socle jusqu’à la sablière.
Maison de type Chanoine, l’alternative au modèle Poirée
Ces maisons ont été élevées entre 1829 et 1835, au même moment que les maisons Poirée. Un dessin de la maison de garde de La Chaise7, daté de 1834, nous apprend que le modèle a été donné par l’ingénieur ordinaire Chanoine et approuvé par l’ingénieur en chef Charles Poirée. Ce modèle rappelle celui projeté par l’ingénieur Amable Hageau pour le canal du Nord au début du 19e siècle, ou encore le modèle Foucherot du canal de Bourgogne.
Les quatorze maisons de ce type sont toutes situées sur le versant Seine, entre les biefs 02 et 45.
- plan rectangulaire parallèle au sas
- toiture à deux pans
- deux fenêtres encadrant une porte centrale
- lucarne en chien assis parfois pendante
© A. Morelière, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2014.
Le dessin de la maison de garde de La Chaise nous indique que le rez-de-chaussée se composait de deux pièces, à l’arrière desquelles étaient aménagés un four à pain et un escalier permettant d’accéder à l’étage.
Maison de type « Bernay », une allure confortable
Edifiées entre 1836 et 1837 ; les maisons de type « Bernay » ont certainement été ajoutées aux projets de 1825 qui ne prévoyaient pas leur construction. Dix se situent entre les biefs 16 et 27 du versant Loire, et notamment au lieu-dit Bernay. Une seule est sur le versant Seine, au site d’écluse 51.
- plan rectangulaire
- toiture à deux pans
- rez-de-chaussée et un étage en surcroît
- porte centrale encadrée de deux baies rectangulaires
- façades latérales : deux baies rectangulaires au rez-de-chaussée surmontées de deux baies cintrées au niveau supérieur
© A. Morelière, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2014.
D’après le plan ci-dessous, non daté et non signé8, le rez-de-chaussée était composé d’une grande pièce à vivre, équipée d’une cheminée et d’une chambre donnant sur le canal. Un escalier, sous lequel est ménagé un four à pain, est situé à l’arrière de la grande pièce. Il permettait d’accéder à l’étage composé a priori de quatre chambres.
Maison de type « canal d’Accolay », un modèle de la fin du 19e siècle
- plan rectangulaire
- toiture à deux pans
- rez-de-chaussée et étage en surcroît
- façade côté sas : trois baies cintrées, une porte centrale encadrée de deux baies rectangulaires. deux ailes à un seul niveau couvertes de toitures à croupe
- moellon enduit
- chaînes d’angle, encadrements en brique
- tuile mécanique
© A. Morelière, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2014.
Maison de type « Panneçot », la régionaliste
Les maisons de ce type furent construites d'après les plans dressés par l'ingénieur ordinaire en 190210 pour remplacer des maisons détruites ou inexistantes. Trois maisons ont été recensées, une au lieu-dit Panneçot, et deux à Clamecy.
- plan rectangulaire
- toiture à deux pans
- baies cintrées avec chambranles à crossettes et claveaux en pierre de taille
- mur pignon droit : au niveau du comble, baie géminée
© A. Morelière, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2014.
Légèrement teinté de « régionalisme », ce modèle se rapproche de celui des maisons de garde-barrière construites à la même époque.
Maisons atypiques
Toutes les maisons du canal du Nivernais n’ont pas été construites selon un type défini à l’avance. Parmi les douze exemplaires atypiques, se trouvent un moulin et deux fermes reconvertis. D’autres s’apparentent plus ou moins au modèle Foucherot présent sur le canal de Bourgogne, mais la diversité dans l’exécution ne permet pas de distinguer un modèle commun : il s’agit souvent de constructions ajoutées au gré des besoins.