Les moulins de Branges constituent probablement l’un des sites les plus intéressants de la Seille navigable, par leur histoire et la complexité du bâti, dont une partie est antérieure à la Révolution.
Les moulins de Branges
Histoire
Propriété du seigneur de Branges sous l'Ancien Régime, le moulin est lié au château situé juste à côté et détruit en 1478. Vendu comme « bien national » en 1793, il est acheté conjointement par Jean-Pierre Germain, futur directeur de la Banque de France, et Nicolas Coindre, également issu des milieux financiers. La famille Germain possède l'ensemble en 1811. C'est le seul des moulins importants du Louhannais qui échappe aux notables locaux pour rester propriété d'une riche famille parisienne. Sous la Restauration, il est composé de six moulins à grains, une rabatte (meule conique utilisée pour broyer les graines oléagineuses, le chanvre, etc.), un foulon (meule ou maillets) et une huilerie. L'ensemble est vendu en 1841 à un modeste Bressan de l'Ain, Joseph Bernigaud, meunier à Sermoyer, et à son épouse. En 1851, suite à des difficultés financières, le moulin est aliéné au profit d'un boucher de Lyon, Jean-Antoine Plumet, gendre du vendeur. C’est alors qu’il est équipé, pour quelques années seulement, d’une machine à vapeur. En 1860, il est revendu à Philibert Bernigaud1.
En 1869, il y a à Branges « trois beaux moulins dont un à huit tournants, sur la Seille ; l’eau des étangs fait mouvoir les deux autres qui ont l’un quatre et l’autre trois tournants ».2 L'entreprise Bernigaud connaît une longue période de prospérité et construit un autre moulin à La Truchère. En 1899, Paul, Léon et Henri Bernigaud, les fils de Philibert, fondent une société « pour la mouture et le commerce des grains ». Des maisons de type villa balnéaire sont construites pour leur compte dans la ville de Branges.
En 1965, un immense incendie ravage le bâtiment central de la minoterie, dont seules les dépendances sont épargnées. Un projet de reconversion en centrale hydroélectrique voit le jour dans les années 1980 et des travaux sont entrepris pour installer une turbine. En 1990, une société est créée pour négocier avec EDF le rachat de l'énergie produite.
Description
Les moulins de Branges sont établis de chaque côté de la route menant au village. A gauche, ils comprennent le moulin principal, portant la date 1862, des logements ouvriers (?), une cheminée à usage industriel, une allée d'arbres et une ferme (?). A droite de la route se trouvent successivement un entrepôt sur arcades semi-enterrées, avec de grandes portes, un entrepôt avec des latrines sur l'eau, une ferme à pans de bois et un bâtiment à deux corps probablement à usage administratif. Au loin reste l’ancien moulin à tan (d’Ancien Régime) inaccessible par la route et placé au bord d’un étang.
Le bâtiment principal compte sept travées. L'actuelle unité de production électrique se compose d'une turbine de type hélice à axe vertical, construite par la société Schneider-Jacquet de Strasbourg (disparue aujourd'hui). Elle est implantée à plus de trois mètres en dessous de la dalle de l'ancien bâtiment de la minoterie. Sa vitesse de rotation est de 89 tours/minute3. L'ensemble des accessoires électriques est regroupé dans trois imposantes cellules.