La Seille canalisée
Plan de Cuisery, la Seille en travaux sous la RévolutionLes plans de nivellement, un outil de pointe au 19e siècleLes mottes1783Les bornes, des trésors minuscules

1783

D’après Émiland-Marie Gauthey, « État et mémoire, avec toisé des fonds riverains de la Seille pour servir au projet de navigation de la Seille […] », effectué par Jobert et daté du 26 janvier 1783.1

Ce « mémoire avec toisé » est un document technique écrit qui fait le point précis du tracé de la rivière et de ses abords en 1783. Il mentionne le nom des propriétaires, la typologie des berges concernées par les travaux, les aménagements existants et ceux à faire. Il mesure à la parcelle l’ensemble du tracé. Ce faisant, par sa précision, il nous donne des indications intéressantes, sur l’aspect de la rivière à la fin du 18e siècle, avant les bouleversements consécutifs à la canalisation. Les mesures ont été effectuées en avril 1775.

Sont mentionnés les ponts et leur état, les bacs et autres aménagements comme les ports. Les propriétaires sont désignés par leur nom, leur profession et leur commune de résidence. Les terres sont rapidement décrites, par leur nature : prés, prairie, bois.

On apprend ainsi qu’existait déjà à Louhans, sur la rive gauche, un chemin de halage (rappelons que la Seille était partiellement et avec difficulté, utilisée pour la navigation avant même sa canalisation). Ce chemin changeait de rive à Sermoyer, en un endroit où se trouvaient des piquets dans la rivière, pour la conservation des prés voisins, et un ancien mur en ruines.

« Le halage actuel des bateaux se fait depuis la Saône à Cuisery, sur la berge occidentale jusqu’à la grande écluse du moulin de Loisy, et depuis ladite écluse jusqu’à la petite rivière de Sornay, […] le hallage se fait sur la berge orientale, et depuis ladite petite rivière jusqu’au creux du moulin de Branges, le tirage se fait du côté d’Occident, et depuis le moulin de Branges jusqu’à Louhans, le halage se fait du côté d’Orient. »

Signature d'Emiland-Marie Gauthey
Signature d'Emiland-Marie Gauthey

Les limites de propriétés étaient fixées sur des biefs ou des fossés, des arrivées d’eau - retravaillées ou non - des ruisseaux affluents de la Seille, à prendre en compte dans la construction du chemin de halage et des ponceaux qui le constituent. En 1775, on envisageait que les haleurs passent « en employant quelque facine » [sic] ou à pied. Des haies vives ou mortes formaient aussi limite de propriété. Si la majeure partie des bords de rivière était alors en prairie, il y avait un bois au lieu-dit le Guillemot, à Saint-Romain. Des bornes de pierre servaient de limite, l’une signalée entre La Truchère et Sermoyer, l’autre à Branges.

Sur le chemin des haleurs pouvaient se trouver des arbres, « saules et broussailles » à Branges par exemple, des ormes à couper, des peupliers d’Italie à Romenay, ainsi que des « chênes et broussailles » ou encore des frênes.

Des ponts existaient, dont un à Branges. D’autres étaient envisagés : à Branges toujours, Lusigny, à Jouvençon - face à Huilly - pour faire passer le grand chemin de Cuisery ; sur la rivière de Villeneuve, deux étaient prévus sur le hameau des Ferrands, à Sermoyer.

Un bac traversait à Chevreul (au niveau d'un port) ainsi qu’au moulin de Loisy, à Cuisery, à Ratenelle et Pont-Seille. Plusieurs sites de dépôt accueillaient déjà des tuiles et carreaux, par exemple à La Truchère vers la tuilerie.

Plusieurs « écluses », qu’on appellerait plutôt aujourd’hui « pertuis », existaient en 1775 autour des moulins : deux à Branges, dont l’une est « sur une petite rivière servant de déchargeoir à la première » ; deux autres à Loisy ; plusieurs se succèdent à Cuisery dont la dernière, qualifiée de « grand écluse », est située vis-à-vis du moulin. Enfin, trois autres écluses « sont faites pour le soulagement des deux grandes ».

Cette pièce d’archive illustre le travail de base de l’historien : se fonder sur une source fiable pour retrouver un monde disparu qu’il cherche à rendre à nouveau compréhensible.

Afficher / Masquer toutes les notes
Retour au texte 1 Archives départementales de la Saône-et-Loire, C SUP CC 351.