Histoire
La Seille naît à Ladoye-sur-Seille, dans le Jura, et parcourt une centaine de kilomètres avant de se jeter dans la Saône. Elle a été rendue navigable sur 39 kilomètres, de Louhans à La Truchère. Les quatre écluses jalonnant ce parcours correspondent à des sites plus anciens sur la rivière : implantations de châteaux, disparus ou encore en place, et surtout de moulins, toujours visibles. Ces derniers barrant le cours de la rivière ont imposé une canalisation par bief de dérivation dans trois cas sur quatre. Le linéaire du cours d’eau a dû être entièrement réaménagé, à la fois pour faciliter et raccourcir le trajet des bateaux, et pour rendre le halage possible depuis les berges.
Dès le 11e siècle, les moines de l’abbaye de Tournus installent un port à Louhans.1 Ils possèdent ainsi un relais sur la route du sel menant des salines de Lons-le-Saunier (Jura) à la vallée de la Saône.
Un pertuis - ou écluse -, appelé Jean de Lyon (sic), est mentionné sur la Seille, lors d’une visite officielle en 1634. Cette année-là, le grand maître des Eaux et Forêts visite la rivière en vue de son aménagement avec trois élus des États d’Auxonne2. Les habitants de Louhans, en effet, demandaient avec énergie que leur ville fût désenclavée par ce biais pour faciliter les échanges entre le Jura, la Bresse et les villes sur la Saône : Chalon-sur-Saône et surtout Lyon. Le projet, comprenant trois écluses, n’est pas exécuté par manque de moyens financiers.
En 1774, Pierre Joseph Antoine rédige un projet de navigation des rivières de la province, dont la Seille. Pour l’appuyer face à l’État, les Louhannais envoient le maire M. Debranges3. L'entrepreneur des Ponts et Chaussées en Bourgogne, Edme-Nicolas Machureau de Poiset, propose d'exécuter les travaux, d'après les plans du sieur Antoine, moyennant la somme de 82 000 livres.
En 1784, le roi concède aux États de Bourgogne le droit de rendre la Seille navigable depuis Louhans jusqu’à la Saône, et de percevoir un péage pour rembourser les frais. La même année, Émiland-Marie Gauthey reprend les études commencées par Pierre Joseph Antoine en 1781 et le projet est approuvé par les États de Bourgogne, puis par les Ponts et Chaussées en 1786.
Les travaux commencent effectivement en 1793 par du terrassement. La réalisation connaît de multiples aléas, liés aux caprices du climat et de la rivière, ainsi qu’à la période de la Révolution. Plusieurs changements importants sont apportés au projet suite à une visite de Gauthey : les crues avaient fait bouger les berges et le régime hydraulique de certains moulins avait changé. Il faut modifier les emplacements des écluses et des canaux de dérivation. Les premières fondations des écluses de Branges et de La Truchère sont posées en 1797, puis s’arrêtent faute de trésorerie.
En 1802, une société d’administrateurs des salines de Montmorot finance, après diverses tractations, la remise en route du chantier : ils en attendent un approvisionnement plus facile en charbon. Dans le même temps, la construction des maisons éclusières est envisagée.
Un décret de Napoléon, en 1804, relance les travaux. L’entreprise Gaguin termine l’écluse de La Truchère l’année suivante. Le reste est mis en sommeil faute de décisions sur l’emplacement des écluses de Loisy et de Cuisery. Les quelques travaux effectués s’accélèrent en 1811, avec l’achèvement des maisons de ces deux sites.
L’ensemble est presque terminé en 1818, soit 34 ans après la décision d’origine. Il reste à améliorer le chemin de halage : les ponceaux et aqueducs sont construits et consolidés. La dernière boucle de linéaire à régulariser, celle du Pré aux Fleurs, sur Sornay, n’est coupée qu’en 1830.
D’après les historiens4, « le trafic décupla : en 1810 il y circulait plus de 400 bateaux ». Cette hausse se poursuivit jusque dans la deuxième moitié du 19e siècle. Le maximum (49 126 tonnes) semble atteint en 1861 pour décroître ensuite. Dans les années 1880, l’écluse de La Truchère passe au gabarit Freycinet. Mais cette modernisation partielle n’empêche pas la suprématie croissante du rail et de la route. Le transport de marchandises par eau s’arrêta définitivement en 1976.
Depuis les années 1980, plusieurs ports de plaisance installés à Branges, Louhans ou Cuisery montrent l’évolution actuelle : le développement de la Seille est aujourd’hui exclusivement consacré au tourisme fluvial. Très fréquentée par les bateliers de loisirs, la Seille accueille en moyenne plus de 3 500 bateaux par an.