L’état des lieux daté de 1783 pour servir à l’établissement de la canalisation de la Seille n’envisage pas de construire de pont ou de ponceau pour le chemin de halage1 sur la commune de Bantanges : les quatre biefs ou fossés signalés sont en effet jugés faciles à passer. Il faut ici souligner que la vallée traversée par la Seille est très marécageuse et fourmille de petits cours d’eau, largement travaillés par l’homme afin d’installer des étangs provisoires pour la pêche et l’énergie hydraulique, une des seules connues jusqu’au 19e siècle. L’enjeu de la canalisation est bien d’améliorer la circulation mais aussi de drainer des terres que l’on souhaite davantage mettre en valeur.
Ponceaux de Bantanges
Aujourd’hui, sur le territoire de la commune, six ponceaux et aqueducs ont été recensés. Ils portent les noms des lieux-dits du début du 19e siècle : pontceau de Sordet, premier ou deuxième pont du Pré Bouchez, de l’œil, de Baunet. Ces appellations ne sont pas encore fixées et varient selon les documents consultés. De même, le vocabulaire est fluctuant : les archives utilisent parfois indifféremment les termes « aqueduc », « pontceau » ou « pont ».
Sur le chemin de halage côté rive gauche, des ponts en pierre avaient été prévus par Émiland-Marie Gauthey. Par manque de moyens financiers, ils ne sont pas inclus dans les chantiers de canalisation mais sont cependant édifiés en bois. Ce dernier est remplacé au fil des années par des matériaux entreposés dans les chantiers des écluses. D'après les documents d'archives et les cartes, les travaux s'échelonnent sur tout le siècle, avec un premier chantier conséquent en 18152.
Voici un extrait décrivant le ponceau de Vassy à cette date, modèle du ponceau sur le bief Bouchi ou Bouchez de Bantanges, d’après le « Procès-verbal de réception définitive des ouvrages exécutés par le sieur Constantin pour l’établissement du chemin de halage de la Seille entre Louhans et la Saône ». « L’ouverture de ce pontceau sera d’un mètre. Il sera composé d’un massif général de fondation de deux culées ; d’une voûte en arc de 60° et de deux murs verticaux de tête surmontés d’un cordon horizontal. La hauteur depuis le radier jusqu’au niveau du chemin de halage sera de 15 décimètres dont neuf décimètres sous clef, trente-cinq centimètres de hauteur de clef et vingt-cinq centimètres de cordon.»
Ces ponceaux apparaissent sur des plans des années 1850 et de 18973. Ils ne sont pas les seuls à ponctuer la traversée du chemin de halage : des aqueducs sont ajoutés, parfois par des particuliers, mais toujours sous le contrôle du service des Ponts et Chaussées. Par exemple, dans un rapport de l’ingénieur ordinaire du 16 avril 1866, M. Sylvain demande la construction d’un aqueduc à Bantanges, une « conduite en poterie » qui permettra de drainer un pré4.
Ce « patrimoine minuscule », qui existe encore sur le terrain, peut être difficile à voir sous la végétation. Les ponts plus importants ont été détruits, les maisons éclusières ont pour partie disparu, les sas d’écluse sont très modifiés : il demeure aujourd’hui l’un des plus anciens témoignages des premiers temps de la Seille canalisée.