Activités
Le transport : les bateaux
Il ne reste plus de bateau ancien lié à l’histoire des canaux de Bourgogne ni aucun bateau-commerce, bateau-lavoir ou autre bateau de ce type.
Aujourd’hui, on peut encore observer des bateaux de service, en métal la plupart du temps : bateau-écluse, brise-glace, etc.
On croise aussi des bateaux de passage, de provenances diverses, liés à l’activité touristique : bateaux de petit gabarit comme les « narrow-boat », péniches aménagées et surtout bateaux de plaisance loués.
Le meilleur endroit pour en voir est sans conteste le port de Saint-Jean-de-Losne, avec sa grande gare d’eau, sur le canal de Bourgogne. C’est d’ailleurs le premier port de tourisme fluvial en France.
Notre propos ici n’est pas de dresser la liste exhaustive des bateaux qui jalonnent les voies navigables de Bourgogne, ni de chercher à en faire un historique détaillé, mais de rappeler qu’ils font partie intégrante du paysage inventorié.
Comme le rappelle Bernard Le Sueur1, la notion de « patrimoine fluvial » est récente et, dans les années 1980, l’État a élargi la protection au titre des Monuments historiques aux bateaux, permettant ainsi de sauver plusieurs témoins d’un patrimoine fragile. De fait, si la péniche est le bateau emblématique de la navigation sur le canal, force est de constater qu’il ne reste que peu de témoignages de son ère florissante quand elle était en bois et tractée, depuis le chemin de halage. Avec l’automoteur, le métal a remplacé le bois, le moteur s’est substitué à la traction et au touage.
D’une façon plus générale, on sait que le bateau fluvial se caractérise par son fond plat : les conditions de navigabilité de la voie d’eau et son usage (transport de marchandises et de personnes) en déterminent aussi la forme. Sur les voies d’eau artificielles, chaque amélioration technique fait évoluer la forme. Ainsi, les canaux de Bourgogne ont fait naître la flûte bourguignonne, qui disparaît au cours du 20e siècle.2
La mise en place des gabarits Becquey puis Freycinet induit de nouvelles normes.3 Sur le canal du Nivernais, le bâtard est limité au gabarit Becquey, soit une longueur de 30 mètres. L’Aster est l'un des derniers exemples de bâtard automoteur (1951).
Sur la Seille canalisée, les bateaux étaient principalement des bâches ou des berrichons, bateaux de petit gabarit, remplacés à partir des années 1930 par des automoteurs, plus rapides. Rappelons que les écluses de la Seille ne sont pas passées au gabarit Freycinet, sauf celle de La Truchère ; d’où l’obligation d’utiliser des bateaux plus courts (gabarit Becquey). Le trafic commercial a cessé définitivement dans les années 1980 et aujourd’hui, la Seille est devenue une voie d’eau très fréquentée des bateaux de tourisme.
Les toueurs, actifs des années 1860 à la fin du 20e siècle, étaient reliés à des chaînes disposées au fond de l’eau. D’abord à vapeur puis électrifiés, ils tractaient les bateaux pour éviter les avaries sous les tunnels ou pour traverser une portion critique de rivière. Les deux toueurs conservés sur les canaux de Bourgogne sont aujourd’hui liés à des centres d’interprétation : l’un à Pouilly-en-Auxois sur le port du canal de Bourgogne, l’autre à Saint-Léger-des-Vignes à l’entrée de celui du Nivernais dans la Loire.
A partir de la deuxième moitié du 20e siècle, la navigation commerciale décline au profit de celle de loisirs en plein essor. Le bateau de plaisance fait alors son apparition sur les canaux et les ports s’adaptent à cette nouvelle demande.
Le flottage
Courant sur les rivières, le flottage faisait partie de la vie quotidienne des canaux, surtout au moment de leur construction. Rappelons qu’il est à l’origine du canal du Nivernais et que l’Ouche, parallèle au canal de Bourgogne sur la majeure partie du versant Saône, était de très longue date utilisée pour le flottage. Les archives indiquent que les bois assemblés en trains, formant une sorte de radeau, circulaient sur tous les canaux. Un tel usage était évidemment contraire à aux intérêts de la navigation et et mettait en péril les ouvrages : les écluses permettaient des lâchers d’eau facilitant le passage des bûches, mais la violence des courants ainsi créés entraînait des chocs sur les maçonneries et des risques de dommages. Cette activité a disparu dès la fin du 19e siècle, ne laissant que très peu de traces visibles aujourd’hui.
Il faut également souligner que le flottage n’est pas la seule manière de faire parvenir le bois aux grandes agglomérations : les péniches en transportaient aussi sous forme de merrains4, par exemple.
Quelques scieries subsistent encore en bordure du canal, qui témoignent de ces activités anciennes liées au travail du bois.
La pêche et les loisirs aquatiques
La pêche fait partie des activités ordinaires sur tous les canaux depuis leur construction. Elle est liée à l’histoire de l’hydraulique puisque les écluses ont aussi été conçues initialement pour retenir l’eau des pêcheries5.
Les réservoirs sont bien connus pour toutes les activités nautiques qu’ils proposent aujourd’hui. Toutefois, la plupart des usagers ignorent totalement qu’ils évoluent sur des ouvrages techniques destinés à l’alimentation en eau du canal. Cette activité, importante économiquement pour les communes concernées, a de très fortes implications sur la gestion, avec des besoins parfois contradictoires. L’été, saison où il pleut le moins, les réservoirs reçoivent un afflux de visiteurs pour les activités nautiques, alors même qu’ils doivent alimenter les canaux, eux aussi très fréquentés par les plaisanciers.