Histoire
Cette époque est une période d’intense réflexion et de mise au point de plans et de mécanismes nouveaux. Le canal du Centre, terminé, connaît déjà une première vague d’améliorations. Les autres sont en pleins travaux.
L’ingénieur Jacques Foucherot donne des plans qui sont réalisés sur le canal de Bourgogne. L’ingénieur Charles Forey œuvre à la fois sur le canal de Bourgogne et sur le canal du Centre. Il fournit des modèles : maison Forey pour le premier et maison de jardinier pour le second. Sur ce dernier, de nouvelles maisons éclusières et des maisons de garde sont ajoutées. Forey travaille aussi sur des points techniques particuliers, dont un système d’ascenseur sur le canal du Centre pour faciliter le passage des bateaux sur la rigole de Torcy.
Entre 1810 et 1830, une grande partie des infrastructures du canal de Bourgogne et de la Seille est ainsi réalisée.
Le canal de Bourgogne prend alors l’aspect qu’il a conservé jusqu'à aujourd’hui, c’est-à-dire celui d’un canal des années 1820. Plus tardif, le canal du Nivernais garde, quant à lui, l’image d’un canal des années 1830-1840, période de ses plus importantes constructions.
Les ingénieurs passent d’une voie d’eau à l’autre, au gré de leurs attributions : Charles Poirée donne des plans pour le canal de Bourgogne mais s’intéresse surtout aux techniques hydrauliques qui le conduisent en 1824 à proposer le système de barrage à aiguilles qui fera sa renommée, sur le canal du Nivernais.
François-Louis Becquey, directeur général des Ponts et Chaussées de 1817 à 1830, pense que le développement de la communication et du commerce ne peut se faire que par la voie d’eau. Il lance un plan général de maillage du territoire français qui aboutit à terminer ou à améliorer les canaux anciens. Becquey tente d’imposer un gabarit identique pour les voies principales de 30,40 de long sur 5,20 m de large et 1,60 m de mouillage. Les capitaux sont privés, avec concession perpétuelle des droits de navigation. Les canaux de Bourgogne et du Nivernais sont terminés suivant ce gabarit. Les écluses du canal du Centre et de la Seille sont adaptées en conséquence. A l’écluse de La Truchère, on voit encore les vestiges du double sas. Le canal du Nivernais a conservé en partie l’aspect de cette période puisqu’il n’a pas été complètement repris depuis. Après 1830, le manque d’argent de l’État incite à contester les concessions privées et à remettre en cause le modèle élaboré par Becquey. La décision de racheter certains canaux résulte également du fait que, selon les utilisateurs « les péages sont jugés excessifs, en dépit de leur rentabilité dérisoire »8.
Après 1840, les canaux sont tous en fonctionnement et commencent à impulser un développement industriel qui, à son tour, va pousser les ingénieurs à améliorer la circulation sur la voie d’eau.
Sur le canal du Centre, le plus anciennement construit, les ingénieurs Louis-Léger Vallée, puis Emmanuel Comoy, prennent du recul par rapport aux travaux de Gauthey et proposent d’importantes modifications destinées à pallier le manque d’eau au point de partage : rigole régulatrice des biefs d’Écuisses, nouveaux réservoirs et rehaussement des anciens. Ces travaux se poursuivent tout au long du 19e siècle et transforment totalement la voie d’eau du siècle précédent.
Outre les changements d’ampleur nationale, chacun des canaux subit des transformations destinées à lui apporter davantage d’eau : ajouts de réservoirs, rehaussement des digues et prises d’eau nouvelles. Les progrès de la navigation consistent aussi à permettre aux bateaux de passer plus facilement les points délicats. Deux toueurs à vapeur sont installés dans les années 1860, l’un sous le tunnel de Pouilly, au point de partage du canal de Bourgogne, et l’autre pour traverser la Loire au niveau de l’embouchure du canal du Nivernais, à Saint-Léger-des-Vignes.