Ces deux monuments, l’un à Dijon, sur le port du canal de Bourgogne et l’autre à Chalon-sur-Saône, sur l’ancien port du canal du centre, furent élevés en même temps. Ils commémorent la pose de la première pierre de ces deux ouvrages par le prince Louis V Joseph de Bourbon-Condé, alors gouverneur des États de Bourgogne en juillet 1784.
Les obélisques de Dijon et Chalon, une signature de la fin du 18e siècle
© T. Kuntz, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2011.
Cette cérémonie, voulue par l’ingénieur des États de Bourgogne, Émiland-Marie Gauthey, fut particulièrement mise en scène avec, outre l’érection des obélisques, la frappe d’une médaille et le récit par le menu de la journée dans ses Mémoires1.
« Il [le prince de Condé] se rendit le lendemain à Châlons [sic], et descendit dans la fondation de l’écluse de gare de la Saône, où l’on avait préparé une plate-forme de 6,5 mètres en quarré, surmontée et couverte d’une tente en pavillon. On avait posé la première assise du mur de chûte [sic] sous le bajoyer oriental, et l’on avait creusé sur le lit de cette pierre une cavité pour y placer les médailles et l’inscription. »
Si le choix de l’obélisque est assez courant dans l’art monumental de la fin du 18e siècle, il apparaît chez Gauthey comme une forme récurrente : piles du pont de Chalon-sur-Saône par exemple. La volonté de faire des canaux de grands monuments, embellissant le paysage et magnifiant la nation qui les avait érigés, reste sans lendemain sur les canaux de Bourgogne.
L'obélisque de Chalon, place de l'Obélisque, est aujourd'hui le seul témoin des premières installations portuaires du canal, puisqu'il fut dressé au bout du bassin auquel il donna son nom, qui s'étendait de l'actuelle avenue Nicéphore Niépce jusqu'audit monument. Le bassin de l'Obélisque est bien visible sur un plan daté de 1838 et signé de l'ingénieur Moreau2. Sur une rive se trouvait la maison du canal, aujourd'hui prise dans un îlot. Ce bassin a été comblé avant 1849, pour installer le chemin de fer et l'avenue de la gare.
Le 15 mars 1786, l'ingénieur Émiland-Marie Gauthey propose le devis concernant « la construction d'un obélisque à élever pour le canal de Dijon à Saint-Jean-de-Losne sur la plateforme du port de la dite ville de Dijon » d'après le projet de l'architecte parisien Bellu datant de 1785. Edme Machureau, « entrepreneur des ouvrages publics de la province », fait soumission le 18 mars suivant, mais cette délivrance est annulée le 1er septembre 1787 par le bureau des Ponts et Chaussées. Ce dernier confie à l'inspecteur Guillemot les travaux qui devront être achevés pour le 12 novembre3. Les médaillons en bronze de Pierre-Joseph Jolivet représentant Louis XVI et le prince de Condé, fondus par François Bonin et posés sous le contrôle de François Devosge4 sont démontés en 1792. Le monument a été restauré en 1979 et de nouvelles plaques rappelant l'historique du lieu ont alors été posées5.