Généralités
Qu’est-ce qu’un canal ? Définitions
Le canal est une voie d’eau artificielle destinée à faciliter le passage des bateaux. On parle de rivière aménagée ou canalisée quand l’essentiel de la navigation peut se faire en lit de rivière, avec généralement des biefs de dérivation portant les écluses : c’est le cas de la Seille et de certaines parties du canal du Nivernais. Un système de barrages permet de maintenir un niveau d’eau suffisant. Ce type d’aménagement se répand à partir du 17e siècle pour éviter les endroits difficiles. Le creusement d’un canal latéral, qui suit le cours d’une rivière, permet d’éviter tout obstacle à la navigation. Après avoir été doté de pertuis dès le début du 18e siècle, le Loing2 est l'une des premières rivières associées à un canal latéral. Cette innovation qui combine barrages, râcles et portes de garde sera reprise sur le canal du Nivernais.
La voie d’eau artificielle sert aussi d’ « ascenseur » ou d’ « escalier » aux bateaux dans des parcours où aucune rivière ne peut les porter. Il s’agit alors d’un canal à point de partage ou de jonction, comme les canaux de Bourgogne, du Centre et du Nivernais. Le point de partage est précisément le point le plus haut de la voie d’eau, séparant deux bassins hydrologiques. Les premiers exemples sont mis au point dès le milieu du 17e siècle, pour le canal du Midi et celui de Briare. Ce dernier est doté d’une échelle d’écluses à Rogny-les-Sept-Écluses, dans l’Yonne.
© T. Kuntz, Service Patrimoine et inventaire, Région Bourgogne, 2012.
Les canaux bourguignons ont la particularité de combiner les deux systèmes. Ce sont tous les trois des canaux à bief de partage alimentés par des étangs-réservoirs au moyen de rigoles. Mais leur longueur les oblige aussi à se comporter comme des canaux latéraux, c’est-à-dire à recevoir une alimentation par prise d’eau dans la rivière la plus proche ou d’être en dérivation de son lit. Des déversoirs3 évacuent le trop-plein de l’ouvrage dans la rivière.
Quels ouvrages pour quels usages ?
Le canal est destiné en priorité à faire transiter des marchandises, dans un but de développement commercial et industriel du territoire. Les ingénieurs prévoient pour cela ports, quais, cales, etc.
L’eau qu’il monopolise peut également produire de l’électricité, pour faire tourner un moteur ou être utilisée en tant que telle (lavage, chimie). Les industriels demandent alors à bénéficier d’une prise d’eau ou d’un chenal. En cas de réponse favorable, ils bénéficient d’une convention d’occupation temporaire, ne leur garantissant aucun droit dans le temps pour les nouveaux usagers, à la différence de ce qui se passe avec les moulins qui, implantés avant les canaux, conservent un droit d’eau.
Le canal contribue aussi à la gestion du réseau hydrologique. Il existe un grand nombre d’ouvrages qui l’alimentent ou le vident, influant ainsi sur les cours d’eau associés. Il modifie le régime de la rivière en jouant souvent comme soutien d’étiage par les fuites et parfois, quand les retenues sont vides en fin de saison, comme tampon pour les petites crues et comme retardateur pour les grosses crues. Les ouvrages n’étant pas conçus pour cela, l’écrêtement des grosses crues n’est pas effectif, le sentiment de sécurité créé peut même entraîner une négligence du risque qui peut aggraver les dégâts.
Enfin, la pêche tout comme la gestion des alignements d’arbres impliquent des aménagements propres comme des viviers, des pépinières, etc. Ces équipements, attestés sur le canal de Bourgogne, par exemple, ont aujourd’hui disparu.
Les acteurs au 19e siècle : constructeurs et administrateurs
Les canaux nécessitent une organisation technique rigoureuse et une surveillance permanente : l’eau est un souci constant. Inondations, pertes d’eau, fuites, envasements, la liste est infinie dans les archives ! Les ingénieurs des Ponts et Chaussées sont devenus experts dans ce domaine.
Toute une hiérarchie administrative se met en place au début du 19e siècle pour améliorer le passage des bateaux. Le conseil national des Ponts et Chaussées valide depuis Paris les grands travaux proposés par l'ingénieur en chef du canal concerné, basé localement. Les plans de détail sont souvent dressés par les ingénieurs ordinaires. En Bourgogne, chaque canal est ainsi géré par une administration propre située à Chalon-sur-Saône, Tonnerre, Corbigny... Leur lieu de résidence a évolué au fil du temps. Les ingénieurs ordinaires, assistés par des conducteurs des travaux, veillent à la bonne réalisation des projets et font remonter les besoins. Des maisons, spécialement construites pour eux, apparaissent dans les archives : maison du conducteur des travaux, maison des ingénieurs sur le canal du Nivernais, par exemple.