Maisons
Les maisons des canaux, locaux destinés à abriter à la fois des bureaux, des logements de fonction et des ateliers, sont particulièrement intéressantes en tant que points de rencontre entre exigences administratives, sociales, techniques et architecturales.
Elles témoignent d’une réflexion des architectes sur l’habitat pour toutes les classes sociales. Comment sont résolues les problématiques autour du logement de fonction entre la fin du 18e siècle, période des premières réalisations bourguignonnes, et les années 1960, quand sont édifiées les dernières maisons éclusières du canal du Centre ?
Ces maisons sont très visibles, contrairement aux ouvrages hydrauliques le plus souvent enfouis sous terre ou sous l’eau. Elles matérialisent donc les rares occasions de rendre perceptible le travail des concepteurs des canaux et sont les miroirs de l’administration des voies d’eau. Placées face à face sur le site d’écluse 108 du versant Yonne à Saint-Florentin, maison de garde et maison éclusière magnifient la perspective sur le pont-canal et sur le port.
Elles méritent d’être étudiées en tant que telles mais aussi dans l’ensemble qu’elles forment avec les constructions qui leur sont liées : autres maisons et ouvrages d’art qui en dépendent.
Sur les canaux bourguignons, la fonction ne détermine pas forcément l’architecture : un modèle identique est donné pour une maison de garde ou d’éclusier. Au fil des années, les utilisations diffèrent suivant les besoins. Par ailleurs, les sphères privées et professionnelles ne sont pas forcément clairement séparées : une pièce peut être qualifiée de « bureau » sur un plan ou de « chambre » sur un autre.
Les maisons sont construites en série, d’après des modèles fournis par les ingénieurs en charge des voies d’eau, qui donnent aussi les plans de tous les ouvrages techniques. Seule une typologie basée sur des critères morphologiques permet donc d’opérer un classement un peu plus précis.
Globalement, la grande majorité adopte un plan rectangulaire. Deux grandes familles se dégagent :
- l’une, parallèle au sas, est adaptée d’un modèle utilisé dès les plus anciennes réalisations2 du milieu du 18e siècle
- l’autre, qui présente son mur-pignon face au sas, est une mise au point originale d’Émiland-Marie Gauthey pour les canaux de Bourgogne et du Centre. Ce modèle est peut-être inspiré des réalisations sur les canaux anglais de la deuxième moitié du 18e siècle.
Le plan carré, utilisé uniquement sur le canal de Bourgogne dans la première moitié du 19e siècle, n’a pas connu de descendance.
Typo-chronologie des principaux modèles
Vers 1780-1790
Modèle Gauthey
Qui ? Émiland-Marie Gauthey
Quand ? 1784
Où ? canaux de Bourgogne et du Centre
Combien ? aucune réalisée sur le canal de Bourgogne ; 66 sur le canal du Centre
Modèle Hageau
Qui ? Amable Hageau
Quand ? 1790
Où ? canal du Nivernais
Combien ? 4 au niveau du bief de partage
Après 1800
Modèle Forey
Modèle Foucherot
Après 1810
Modèle Robillard
Modèle Mercadier
Modèle « Orgues » ou Maison de garde Mercadier
Qui ? Mercadier sur le canal du Centre et auteur inconnu sur le canal du Nivernais
Quand ? 1820 pour le canal du Centre et 1826 pour le canal du Nivernais
Où ? canaux du Centre et du Nivernais
Combien ? 5 sur le canal du Centre et 2 sur le canal du Nivernais, au lieu-dit Orgues
Modèle Poirée
Qui ? Charles Poirée
Quand ? 1822
Où ? canaux de Bourgogne et du Nivernais
Combien ? 15 sur le canal de Bourgogne et 43 sur le canal du Nivernais
> En savoir plus : canal de Bourgogne, canal du Nivernais
Modèle « échelle d’écluses de Sardy »
Qui ? Inconnu
Quand ? 1825
Où ? canal du Nivernais
Combien ? 7 au niveau de l’échelle d’écluses de Sardy-lès-Épiry
Modèle Chanoine
Modèle maison de perception

Archives départementales de la Côte-d'Or, SM 21 835, réutilisation soumise à conditions
Modèle « Bernay »
Qui ? Inconnu
Quand ? 1836
Où ? canal du Nivernais
Combien ? 10 principalement au lieu-dit Bernay
Après 1850
Modèle « Panneçot »
Qui ? Inconnu
Quand ? 1902
Où ? canal du Nivernais
Combien ? 3 au lieu-dit Panneçot