Paysages
Des lieux d’exploration
« [...] il faut d’abord se souvenir ce qu’un pays comme la France comptait d’espaces intacts, à peine cartographiés, il y a encore un ou deux siècles, et bien mesurer du même coup ce que le paysage a pu susciter d’intérêt et de curiosité à partir du XVIIIème siècle. »1
Le 18e siècle multiplie les explorations et améliore les techniques de cartographie, mais le territoire français est loin d’être entièrement quadrillé. Les difficultés des communications ne facilitent pas le développement des connaissances. Les ressources naturelles d’une grande partie du territoire sont découvertes ou en cours de découverte, mais elles peinent à devenir vraiment exploitables, faute de débouchés faciles. La houille à Montcenis et au Creusot, par exemple, exploitée localement dès le début du 16e siècle2, intéresse les scientifiques et suscite des projets chez les industriels mais elle ne peut être exportée correctement, faute de voies de circulation fiables. L’arrivée du canal du Centre permet un vrai développement de toute cette région.
La construction des canaux est l’occasion pour les élites d’explorer des lieux peu accessibles, cartographiés par les ingénieurs pour les besoins des travaux.
Proto-industrie
L’industrie apparaît comme très limitée et consiste essentiellement en moulins, placés sur des biefs liés aux rivières qui accompagnent le canal. Des entrepreneurs - propriétaires ou notables mais aussi artisans - tentent de profiter de la force motrice et créent de petites structures. Ainsi, plusieurs forges sont installées dès le 18e siècle en bordure des rivières : à La Bussière-sur-Ouche et à Aisy, sur le canal de Bourgogne ainsi qu’à Lamotte-Bouchot, sur celui du Centre. Les propriétaires se heurtent souvent à l’impossibilité d’exporter leur production pour développer davantage leur activité.
Les paysages avant la construction
Structurant le territoire, châteaux et églises sont sources de développement urbain : les villages s’ordonnent autour des grands domaines.
Les réseaux ne sont pas toujours les aménageurs principaux du paysage. Les archives, surtout les cartes anciennes, et les travaux historiques mettent en exergue les difficultés de circulation (état et nombre des routes et des ponts) dans un monde essentiellement agricole3. L’absence de régulation des cours d’eau limite leur capacité de transport ce qui fragilise à la fois les structures voisines et les industries, qui ne peuvent compter sur un apport régulier en eau.